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" Longtemps j'ai rêvé du Monde. J'y serais entré même à genoux ! Depuis mon premier article, paru en 1981 - j'étais encore étudiant -, jusqu'à mon départ, en février 2011, près de trente années se sont écoulées. Je me souviens de tout. La rue des Italiens, les séances de Bourse au palais Brongniart, mes premiers reportages. Je revois les affamés d'Ethiopie, le visage de Mandela, la trogne de Noriega.
Je revois les kolkhozes d'Ukraine, le marché aux grains de Chicago, les élégantes du Viet Nam. J'entends la voix de Jacques Benveniste, qui croyait à la mémoire de l'eau, Jane Birkin parlant de Gainsbourg, tant de silhouettes, tant de reportages. Le journalisme fut mon pain de tous les jours. [...] J'ai tout revu, tout revécu. J'ai tout aimé ou presque, sachant avec Cioran qu'il faut parfois avaler l'amer avec le sucré.
J'ai quitté Le Monde mais Le Monde ne m'a pas quitté. " Éric Fottorino.
Tintin Fottorino
Waouh quel livre ! Il ne peut que réveiller en soi ce vieux rêve de journalisme. C'est un récit à la Tintin, on fonce, on traverse, on voyage, on passe d'une case à l'autre, matière première, pige, éthiopie, littérature mais attention à une ligne claire qui est le fil du récit auquel on s'attache, ne pouvant plus s'arrêter s'aglomèrent des tonnes de lieux, des noms, des pays, des citations, des dates, des crises sans que l'on s'ennuie où que l'on s'alourdissent. Non seulement Fottorino nous communique l'emulsion, l'impulsion, l'ébullition qui fait la vie d'un grand quotidien mais il nous accroche à une vie aussi, la sienne, entièrement dévouée à ça et on en comprend la raison. On plonge dans le monde, le quotidien mais aussi notre quotidien et ce qui en fait toute la matière, l'enchantement, la vie à son rythme éffrénée. En plus, avec un peu d'âge, on relie ce qu'on a entrevue du monde, ce qui a fait les événements de notre exitence en perpétuelle conversation et interaction avec le monde qui nous entoure. c'est brillant, intelligent, haletant !