Qui, mieux que la Joyce Carol Oates, pouvait rendre avec tant de vérité et de façon si subtile cette période trouble et impitoyable qu’est l’adolescence ? A cet âge, la différence est insupportable, et c’est justement ce besoin violent d’intégration et de normalité qui fera des jeunes personnages de ce livre des monstres en puissance, capables d’accuser un professeur d’actes impardonnables à la seule fin de sauver le prétendu honneur d’un ami. Comme toujours chez Oates, tout est ambivalent, trouble, et nous ne saurons jamais réellement si le professeur est coupable de
ce dont on l’accuse. Les lycéens eux même paraissent l’ignorer ; la vérité ne les intéressent pas, seule les motive la volonté de se rallier à leurs semblables. Nous assistons ici à la déchéance d’un homme, broyé par la rumeur, qui conduira à une issue irréversible. Là encore, nous ignorons la cause réelle de sa mort : simple accident ? Suicide ? En tous les cas, cette sordide histoire sera pour le jeune Darren le moment de devenir adulte, responsable de ses choix et de leurs conséquences. Critique acerbe d’une société paranoïaque, gangrénée par l’ignorance et les amalgames qui en résultent (la plupart des protagonistes confondent allègrement homosexualité et pédophilie), Joyce Carol Oates signe un roman troublant, dérangeant, qui interpelle et interroge. Œuvre lucide, à l’écriture nerveuse et abrupte, ce livre nous renvoie une image réaliste et inquiétante de notre monde. Mais il dessine également, à travers la réjouissante découverte de la sexualité que fera finalement Darren, et la rupture qui s’instaurera entre ses anciens amis et lui, la possibilité de la rédemption et du renouveau.
Sensible et addictif.
Un très bon roman pour les adolescents sur le mal que peuvent faire les rumeurs.
Darren est beau. Les filles l'admirent. Certains garçons aussi. Et ce professeur si attentionné qui a gentiment proposé de le raccompagner chez lui après l'école le jour où il y avait un orage ?
Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? Oui. Non. Peut-être. Aucune idée. De toutes manières, Darren refuse d'en parler. Mais se taire c'est avouer, non ? A moins que tout ne soit qu'un énorme malentendu.
Le lecteur suivra le déroulement des évènements avec avidité pour découvrir la vérité.