Et si les bourgeois se rebellaient contre la société capitaliste de consommation ? Écrasés par les crédits, le poids de l’immobilier, les frais de scolarité des hautes écoles, les frais d’entretien de la maison et de la voiture, la classe moyenne de l’Ouest londonien fait la révolution. Kay Churchill, Richard Gould, Vera Blackburn et tous les habitants de la Marina de Chelsea s’organisent en manifestations pacifistes, affrontements et actions ponctuelles envers les « bastions de la servitude bourgeoise » pour faire entendre leur situation de « nouveaux prolétaires ». L’ennemi,
c’est l’« impitoyable capitalisme spéculatif qui perpétu[e] le système de classes pour diviser l’opposition et préserver ses propres privilèges ».
« Vacances à bon marché, logement exorbitant, études qui n’assurent plus la sécurité. Si vous gagnez moins de trois cent mille livres par an, vous comptez à peine. Vous n’êtes qu’un prolo en costume trois-pièces. »
En quête d’une signification à leur vie, la population bourgeoise, sans croyance religieuse, craint la mort, espère l’immortalité et se barde de conventions sociales et de tabous.
La société de consommation et du spectacle, tout comme les médias et le cinéma, régulent et assoupissent l’intelligence ; les grandes écoles transforment leurs enfants en une classe de professionnels qui embrassent à leur tour le système et participent à sa pérennité.
« Regardez le monde autour de vous, David. Que voyez-vous ? Un immense parc à thème, où tout est transformé en spectacle. La science, la politique, l’éducation autant d’attractions. Le plus triste, c’est que les gens sont ravis d’acheter leurs billets pour grimper à bord. – C’est confortable. »
C’est avec les yeux de David Markham, psychologue à l’Institut Adler et fiancé à Sally, que la rébellion prend forme. L’attentat à l’aéroport de Heathrow à Londres, lequel a tué son ex-femme, le détourne de sa vie posée et heureuse.
Qui a posé cette bombe, et pour quelle revendication ? Y a-t-il un lien entre Heathrow et la révolte de la Marina de Chelsea ? David délaisse sa fiancée, ses recherches à l’Institut Adler, et commence les investigations auprès des agitateurs bourgeois. Il ne tarde pas à troquer son avis de psychologue pour les banderoles des activistes : attiré par leurs motifs, David s’implique dans les affrontements mais il est très vite dépassé par les événements.
Lisez la suite de la critique sur mon blog :
http://bibliolingus.over-blog.fr/article-millenium-people-j-g-ballard-108136819.html
Millenium People
Écrit avant la crise de 2008 et les mouvements sociaux qui en ont découlé et qui perdurent en Europe, le caractère prothétique de ce récit sur la révolte de la classe moyenne britannique prend aujourd'hui tout son sens. Millenium People est une critique sévère de nos sociétés occidentales mais aussi de notre incapacité à les transformer, de notre léthargie politique et idéologique.
Un roman dérangeant comme seul J-G Ballard sait les écrire.