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Dans Crash !, le narrateur développe une obsession sexuelle pour la tôle froissée, pour les accidents de voiture qui modifient, à coups de poignards de chrome, l'intimité du corps humain. Dans L'île de béton, une sortie de route isole le héros en contrebas d'une autoroute. Le voici moderne Robinson Crusoé sur un îlot surplombé d'un échangeur, là où personne ne s'arrête. Enfin, I.G.H. dépeint une nouvelle forme de guerre : dans une tour de quarante étages, la population se scinde en clans.
Ses comportements violents deviennent dignes de notre préhistoire. La trilogie de béton rassemble trois chefs-d'oeuvre de la littérature contemporaine. J G Ballard y invente une nouvelle forme de science-fiction. Il nous met en garde contre les nouveaux fétiches de nos sociétés technophiles aux couleurs criardes.
I.G.H.
1000 appartements, répartis sur 40 étages, un dixième étage consacré exclusivement à la vie sociale avec banque, école, commerces, piscine... Voilà un joli argumentaire pour cet Immeuble de Grande Hauteur peuplé de gens aisés et cadres supérieurs.
Seulement une petite panne de courant va tout faire dégénérer. Les différents accidents, les petites défaillances des systèmes de l'immeuble vont dresser les habitants les uns contre les autres. Au sommet de la tour, dans son appartement terrasse, l'architecte observe les différents clans s'affronter.
Ce qui est surprenant avec ce livre c'est la façon qu'a Ballard de reproduire à l'intérieur d'un immeuble les mécaniques de la société et de déconstruire cette société. Les personnages, rapidement caractérisés, vont constituer des clans, s'affronter pour le contrôle des étages et peu à peu sombrer dans un état primaire. Une vraie lutte des classes est mise en scène : ceux qui vivent dans les étages supérieurs méprisent ceux d'en-dessous. La guérilla va très vite régner dans l'immeuble et les habitants vont finir par oublier le monde extérieur pour ne se consacrer qu'à la conquête de territoires et la préservation des points stratégiques : ascenseurs, escaliers, locaux techniques... L'immeuble se détériore, des gens meurent mais personne n'appelle les autorités à l'aide.
Tout est réglé à l'intérieur de l'immeuble par sa hiérarchie, ses dirigeants, personnalités fortes qui ont su s'imposer. L'IGH devient un état à part entière, coupé du reste du monde, où aucune personne étrangère ne peut entrer.
Ballard livre une vision plutôt sombre des villes modernes et des citadins. Après la lecture on ne regarde plus les immeubles supérieurs à 7 étages de la même façon...