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Le livre-enquête de Mohammed Aïssaoui tourne autour d’un mystère : Kaddour Benghabrit, fondateur de la Mosquée de Paris et Recteur de la Grande Mosquée durant la Seconde Guerre
mondiale, aurait-il sauvé des Juifs entre 1940 et 1944 ? Si cela était prouvé, il pourrait ainsi devenir
le premier Arabe consacré « Juste parmi les Nations » par le mémorial de Yad Vashem.
Personnage original et ambigu, Si Kaddour Benghabrit fascine l’auteur : grand dignitaire religieux,
mais aussi artiste (il est l’auteur d’un livre libertin), intellectuel, amateur d’art et de théâtre (il a
sauvé le chanteur Salim Halali) ; la complexité du personnage interroge.
Mohammed Aïssaoui mène le lecteur au coeur de son enquête, à la façon d’un Sherlock Holmes
intransigeant, il a suivi toutes les pistes possibles (de Paris à Oran en passant par Jérusalem, des
Archives nationales aux archives des RG, sur les forums, dans les maisons de retraites) mais les
témoins sont de plus en plus rares et peu de documents écrits existent.
L’auteur a interrogé, fouillé les archives publiques et personnelles.
Les plus grands ont témoigné
(Élie Wiesel, Serge Klarsfeld, le cinéaste Derri Berkani), mais la parole est aussi donnée aux
anonymes (la fille et l’arrière-petit-fils de Si Kaddour Benghabrit ou encore le fils d’une infirmière
juive que le Recteur aurait contribué à sauvé) ainsi qu’à d’autres voix auxquelles on ne s’attendait
pas (Philippe Bouvard, dont la mère était amie avec le Recteur, et dont le père adoptif a aussi
bénéficié de son appui).
Seul Dalil Boubakeur, actuel Recteur de la Mosquée de Paris, est réticent à
donner des informations, prétextant un manque d’archives à consulter.
A défaut de pouvoir faire de Si Kaddour Benghabrit le premier Arabe consacré « Juste parmi les
nations », l’enquête de Mohammed Aïssaoui reste néanmoins un document inédit sur les liens
possibles entre Arabes et Juifs durant l’Occupation, un formidable message d’espoir.
Le dernier mot revient à Élie Wiesel, qui encouragea l’auteur par cette phrase symbolique, donnant
toute sa dimension à l’ouvrage : « Celui qui écoute le témoin devient témoin à son tour ».
A lire!
Pourquoi n'y-a-t-il pas d'Arabes parmi ceux que l'on appelle les « Justes parmi la nation »? C'est la question que se pose l'auteur de l'étoile jaune et le croissant, Mohammed Aïssaoui.
Ce livre s'apparente à un carnet de route, de notes, celui qu'on rempli jour après jour au fil de nos découvertes. Ici, le sujet est important, même si la question de départ ne trouve pas forcément de réponse. A travers ses recherches, l'auteur propose des pistes, notamment en ce qui concerne le directeur de la Mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit. Cet homme aurait en effet eu un rôle important auprès des Juifs en fuite lors de la seconde guerre mondiale. Pas à pas, on découvre des témoignages, des archives, qui attestent (ou non) de ce rôle. Plus largement, l'auteur nous propose ses réflexions autour de la question des relations ambigües entre les Arabes et les Juifs, et sur la mémoire. Celle que l'on conserve bien au chaud au sein de nos archives, mais aussi celle de chacun d'entre nous, qui parfois se perd pour nous laisser sans réponse. La France est un pays où l'on a la chance de bénéficier de nombreuses sources d'informations papiers. Mais en ce qui concerne les témoignages, ils sont souvent plus difficiles à trouver, car pourquoi parler de son histoire si personne ne vous demande de la raconter? Est-ce trop tard maintenant?
Ce sont autant de questions que se pose l'auteur. Et même si certaines ne trouvent pas de réponse, il espère, tout comme la lectrice que je suis, qu'un jour elles seront résolues, et que parmi les 23 000 « Justes parmi la nation » apparaitront des noms d'Arabes ayant œuvré pour la survie de Juifs lors de l'Holocauste. A lire!