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Pendant des siècles, les chantres du progrès par la technique et la science appliquée ont promis à l'humanité le bonheur pour demain, ou au plus tard après-demain. L'emballement numérique, la perspective de technologies "révolutionnaires" ou "disruptives", les limites sans cesse repoussées, les annonces tonitruantes de milliardaires high-tech ont redonné un nouveau souffle aux promesses d'un monde technologique meilleur, d'abondance et de bonheur pour tous, de l'immortalité à la conquête spatiale, en passant par les énergies "propres" et la capacité à "réparer" une planète bien fatiguée.
Non content de tailler en pièces ce "technosolutionnisme" béat, du passé comme du présent, ignorant les contraintes du monde physique et de ses ressources limitées, l'auteur questionne aussi les espoirs de changement par de nouveaux modèles économiques plus "circulaires" ou le pouvoir des petits gestes et des "consomm'acteurs", face aux forces en présence et à l'inertie du système. Une fois balayées les promesses mystificatrices ou simplement naïves, rien n'empêche de rêver, mais les pieds sur terre : nous pouvons mettre en oeuvre, dès maintenant et à toutes les échelles, une foule de mesures salutaires.
Et si, finalement, le bonheur était bien pour demain ?
Rêveries d'un ingénieur solitaire...
Philippe Bihouix sait de quoi il parle quand il nous met en garde contre les délires futuriste cornucopiens et autres ("cornucopien" : qui croit en l'existence d'une corne d'abondance-qui croit que le progrès scientifique nous donnera toujours accès à de nouvelles ressources illimitées), quand il nous enjoint de faire le tri entre les solutions techno-scientifiques, mas aussi quand il évalue les nouvelles idées en vogue dans le domaine économique. Après sa lecture, je me prends à rêver de partir vivre dans une Zone A Défendre (ces gens-là ont tout compris..), mais ce n'est que la reverie d'une libraire solitaire...Quoiqu'il en soit, il faut lire ce livre qui puise aux sources de la philosophie (Rousseau, Mumford...) et de la littérature (Soljenitsyne, Valéry..) pour en appeler à un certain retour de la vertu et à faire de nouveaux rêves bien réalisables ceux-là, pour le bien de tous, afin de lutter contre l'écocide en cours qu'il diagnostique implacablement. "le défi est immense, mais il faudra le relever, ensemble, pour le meilleur et pour le pire".(p 362)