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A deux heures de New York, il est une vieille demeure au bord de la mer grise. L'été 1958, Eddie, joli garçon de seize ans, y découvre l'amour dans les bras de la plus belle femme du monde, qui est aussi la plus triste, tandis qu'autour d'eux planent d'innombrables photos, gracieux fantômes de ses fils perdus. Ruth, sa petite fille, s'éveille au milieu de la nuit, et Ted, son mari, rusé joueur de squash et Don Juan balnéaire, écrit des contes pour enfants, des contes qui font peur...
Mais l'été finit au premier vol d'oies sauvages, et la blonde Marion prend sa Mercedes rouge pour abandonner le mari qu'elle n'aime plus, le jeune amant qu'elle n'ose pas aimer, et la fillette à laquelle elle craint trop de s'attacher.
Après cette aube nostalgique, nous retrouvons Ruth en 1990, romancière célèbre et redoutable joueuse de squash, mais célibataire anxieuse, qui appréhende le mariage et la maternité.
Lors d'une tournée de promotion à Amsterdam, une virée dans le quartier chaud et la rencontre d'une accorte prostituée rousse la confrontent à une aventure tout droit sortie de ses terreurs enfantines.
Une veuve de papier a la verve burlesque et parfois polissonne des meilleurs romans de John Irving ; c'est aussi un livre nocturne, sur la part d'ombre dans l'être, le deuil et la mélancolie ; mais c'est surtout un conte merveilleux, où, si le chagrin a la vie longue, l'amour se trouve et se retrouve.
Pas son meilleur
J'ai été touchée par la douleur de Marion et par ce qu'elle fait subir à sa fille Ruth en faisant de leur maison un mausolée en hommage aux fils décédés. Toutes ces photos dont Ruth connaît par coeur le contexte sont à la fois fascinantes et repoussantes. Jamais l'auteur ne la juge, ce qui est plus difficile pour la lectrice, ou plutôt pour la mère que je suis. J'ai aussi aimé les remarques sur les différentes formes de fiction, l'autofiction et la fiction pure bien que parfois basé sur le réel mais dont l'intrigue a été très travaillée, qui est bien sûr ce qu'écrit John Irving. J'ai cependant quelques bémols : si la première partie est très réussie, les deux qui suivent et dont Ruth est le centre sont plus fades, à l'image des personnages qui les composent, même lorsqu'on retrouve des personnages présents dans la première partie. Je crois que je suis décidément plus fan des derniers romans de John Irving (à l'exception de L'oeuvre de Dieu, la part du Diable).