Homme de ménage sans histoire et benêt le jour, Joe-le-Lent, se défoule la nuit, et devient un redoutable tueur. On lui donnerait le bon Dieu sans confession, il excelle dans l’art de passer pour plus attardé qu’il n’est, se laisse « materner » par sa collègue Sally parce qu’elle fait de bons sandwichs, et surtout pour ne pas laisser dire ou penser.
Joe vit dans un monde étriqué, un appartement proche de l’insalubrité, entouré d’une mère crampon qu’il aime autant qu’il déteste, et de 2 poissons rouges.
« Quand je rentre dans mon appartement, je vois que deux messages
m’attendent. Tous deux de ma mère. Je les efface, en me demandant deux choses à la fois. Un : pourquoi est-ce que j’aime tant ma maman ? Et deux : pourquoi je ne peux pas l’effacer aussi rapidement que ses deux messages ? »
Au fond, une partie de son problème, c’est sa mère…cela n’excuse pas tout, malgré tout !!!
Autant sa vie « in » est morne, autant sa vie « off » est d’une violence inouïe. Il planifie, traque, piège, mutile, et tue, épargne parfois. « C’est mon humanité ».
De plus, jaloux, il ne supporte pas qu’un autre puisse le copier. Certaines scènes peuvent d’ailleurs rendre mal à l’aise.
L’intérêt de ce roman ne réside donc pas dans la résolution d’une enquête policière classique. Et ce qui lui donne son originalité.
Tout au long des pages, nous allons vivre avec Joe, et le suivre dans sa folie et son intelligence, car, contrairement à l’apparence, Joe ne laisse rien au hasard, et réfléchit au moindre détail.
J’ai aimé les « pauses » narratives, laissant souffler le lecteur durant quelques pages en le détourant vers la gentille Sally.
Le propos est acerbe, cynique. Le rythme est rapide, le style peut-être un poil répétitif au début, mais rien de rédhibitoire pour moi, j’ai dévoré ce thriller, un peu différent des autres, et qui illustre parfaitement la « patte » des éditions Sonatine.
Ce premier roman de Paul Cleave laisse penser à d’autres très prometteurs ; le second, Un père idéal en est la preuve !!!
Innovant, cynique, brillant !
Joe vit tranquillement sa vie. Le jour, il est Joe-le-lent, qui nettoie sans relâche les locaux de la police. La nuit, il est le Boucher de Christchurch, tuant les jeunes femmes chez elle.
Ce qui est bien, c'est que de son poste d'homme à tout faire, il peut surveiller l'enquête.
Ce qui l'est moins, c'est que l'un des cadavres n'est pas à lui.
Avec un humour féroce, Paul Cleave nous entraîne dans le quotidien d'un serial-killer, avec un style original, des rebondissements rondement menés et un suspens tenu jusqu'à la dernière ligne.