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Le pouvoir politique est-il capable d'entendre la vérité ? Sanctionné pour avoir alerté les pouvoirs publics, le Général Soubelet analyse avec lucidité les différents maux dont souffre la machine étatique. Il y a urgence à agir !
" Le 18 décembre 2013, ma vie a basculé.
Moi, Bertrand Soubelet, général de corps d'armée, directeur des Opérations et de l'Emploi de la gendarmerie, j'ai été écarté pour avoir dit la vérité : la sécurité dans notre pays n'est pas assurée comme elle le devrait.
Que s'est-il passé ? Au Palais-Bourbon, devant les députés, ce jour-là, j'ai expliqué, en toute franchise, les difficultés que rencontre la gendarmerie : six mille emplois supprimés, une procédure trop complexe, une justice sans moyens, des délinquants dans la nature malgré l'engagement des gendarmes et des magistrats, des coupables mieux considérés que les victimes.
Pour avoir fait ce constat, le Premier ministre a demandé ma tête.
Je ne peux m'empêcher de penser aux attentats de janvier et au carnage de novembre 2015. C'est le résultat de plus de trente ans de mollesse dans la lutte contre l'insécurité.
Des pressions ont été exercées sur moi pour me faire quitter la gendarmerie qui a été ma vie pendant trente-cinq ans. Désormais personne ne peut m'opposer un pseudo devoir de réserve.
D'où ce livre.
Mon diagnostic est simple : la sécurité est l'affaire de tous. Il est temps de réagir, grand temps. Il y a urgence. Notre société est en danger. Jamais le danger n'a été aussi menaçant.
Je ne fais pas de polémique, je ne roule pas pour un parti politique.
Simplement, j'alerte.
Parce que j'aime mon pays. "
Bertrand Soubelet
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Bertrand Soubelet est général de gendarmerie. C’est un homme d’engagement, profondément attaché à son pays et lucide sur l’évolution de la France en matière de sécurité. Evidemment ses convictions ne plaisent pas à tout le monde même si le personnage n’a rien d’un exalté, ni d’un extrémiste. Il va d’ailleurs payer le prix fort d’une sincérité que certains politiques apprécièrent modérément quand le 18 décembre 2013 Bertrand Soubelet est auditionné par un groupe de députés à l’Assemblée Nationale en qualité de directeur des Opération et de l’Emploi de la gendarmerie. Son exposé est plutôt déplaisant pour les responsables gouvernementaux du moment ainsi que ceux qui les précédèrent. 6000 postes de gendarmes supprimés en quelques années, des contraintes légales compliquées, des systèmes juridiques d’un autre temps. Soubelet a le sentiment d’avoir proposé un exposé factuel, mais la presse reprend certains éléments du dossier et 6 mois plus tard il est muté. Les gendarmes sont des militaires et chacun connait le surnom que l’on attribue à l’armée…
“Tout ce qu’il ne faut pas dire” est finalement la conséquence de la lâcheté de nos gouvernants et de la hiérarchie de la gendarmerie. Soubelet nous propose une réflexion approfondie sur la question sécuritaire mais aussi sur le mode de fonctionnement de notre République. Il aborde des sujets qui intéressent l’ensemble des citoyens. C’est évidemment la vision d’un policier qui a subi une terrible désillusion mais on ne peut douter ni de sa sincérité ni de la qualité des informations qu’il nous fournit. La France serait devenue une belle endormie qui aurait ignoré les risques qu’elle courait sur le plan sécuritaire. Soubelet propose des exemples concrets tirés de la réalité et de ses responsabilité de numéro 3 de la Gendarmerie Nationale.
Si l’auteur ne mâche pas ses mots, il tente de d’analyser les raisons des blocages nationaux et il s’inquiète particulièrement du décalage entre ce que vit le peuple et le discours des politiques. Il constate que les intérêts particuliers prennent souvent le pas sur la règle commune. Soubelet est un homme d’honneur et son ouvrage porte autant sur des faits précis concernant notre sécurité que sur l’éthique défaillante de nombreux décideurs. Un livre utile et nécessaire.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)