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Une biographie renouvelée du personnage le plus controversé de l'histoire russe.
Raspoutine est une fable partagée par des millions de Russes et d'Occidentaux, un mythe fondé sur l'existence avérée d'un homme du même nom, Grigori Efimovitch Raspoutine. Mais qui est réellement cet homme qui a si bien accompagné le tsarisme en déliquescence qu'il a fini par le symboliser plus fortement que le dernier des Romanov ?
Grigori Efimovitch naît selon toute probabilité en janvier 1869 dans une région de Sibérie occidentale qui confine aux monts Oural.
Certaines sources le décrivent à l'envi comme un voleur, un bagarreur, un alcoolique et un menteur, quand d'autres attestent de sa fréquentation acharnée des lieux de pèlerinage, des monastères et des écoles de théologie. Toujours est-il qu'à l'automne 1903, il débarque pour la première fois dans la capitale, Saint-Pétersbourg, et qu'un an et demi plus tard, il fait son entrée au palais impérial. Grigori a trente-six ans, il lui reste onze années à vivre dans l'adoration et la rumeur, la crainte et la détestation.
Grâce à une multitude d'archives neuves et une vaste bibliographie, notamment en langue russe, Alexandre Sumpf fait le récit de ce parcours singulier, avant de décrypter les différents visages d'une diabolisation qui en dit long sur les métamorphoses successives de la Russie au XXe siècle.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Raspoutine était déjà devenu avant sa mort une légende vivante mais après son assassinat le phénomène prit une ampleur considérable au point de porter cette personnalité complexe au rang de mythe. C’est à ce personnage qui suscita en son temps crainte et détestation que s’attaque l’historien, spécialiste de l’histoire russe et soviétique, Alexandre Sumpf. Une telle entreprise est une gageure tant les productions en tout genre sur Raspoutine sont légion et souvent d’une qualité discutable faisant la part belle à la dimension occulte de celui qui était née en Sibérie occidentale en 1869 et portait le nom de Grigory Efimovitch Raspoutine. Raison sans doute de plus pour retracer la frontière entre récits apocryphes et vérité historique mais aussi mettre en lumière l’utilisation que l’on a pu faire du personnage de Raspoutine aux quatre coins du monde.
L’un des points forts de l’ouvrage d’Alexandre Sumpf est moins de revenir sur l’histoire de celui qui accompagna les dernières années d’un tsarisme en déliquescence mais plutôt de saisir les différents visages que l’histoire donna par la suite à celui qui fut assassiné par le prince Felix Ioussoupov. Comme l’écrit avec raison l’historien : “Ce que nombre de contempteurs ou d’admirateurs du personnage oublient, tout à leur projet d’accumuler des preuves à charge ou de réhabiliter un homme trahi par ses proches , victimes des conservatismes et des perversions de la haute société de Petrograd, c’est que sa vie lui a échappé depuis longtemps.” Au fond ce qui émerge de l’enquête minutieuse de Sumpf c’est que Raspoutine est devenu à son insu une fiction. Son histoire s’est transmuée en fable partagée par des millions de Russes et de Soviétiques, puis par les sociétés occidentales qui l’ont transformée en objet de culture populaire.
C’est finalement cette transmutation mythologique que l’ouvrage analyse avec beaucoup d’acuité, se refermant sur les différentes métamorphoses que le cinéma et la télévision ont fait subir au personnage de Raspoutine. Alexandre Sumpf nous propose avec ce « Raspoutine » une approche tout à fait stimulante qui se prolonge bien au delà des quarante trois années que dura la vie de ce moujik sibérien à l’ascension fulgurante. Un ouvrage qui réintroduit l’exigence historique au cœur d’un mythe qui n’a cessé de muter depuis la disparition de Raspoutine en 1916.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)