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« Un immense rideau de fumée grise et noire s'élevait jusqu'au soleil, qui n'était plus qu'une petite boule rouge voilée, de grandes flammes folles longeaient les trois quarts de la plage maintenant plongée dans l'ombre, où des centaines de personnes abandonnées s'entassaient sur la dernière zone encore respirable, plus pour longtemps... » Tout avait pourtant si bien commencé. Voltaire, écrivain quadragénaire, Oum sa femme, Géo leur petit garçon, étaient en vacances au bord de l'Adriatique, fin juillet.
Insouciants, sous le soleil implacable. Survint le feu, puis la panique, la course, la lâcheté qu'on découvre en soi, le courage aussi s'il faut sauver les siens. On s'agenouille même au pied d'une Vierge étrangement posée sur une plage italienne. Philippe Jaenada revient à son meilleur : le portrait d'humains à la dérive, la vanité de leurs efforts, la beauté fragile de la vie. Un magnifique roman d'une drôlerie désespérée.
Dramatiquement drôle
Je n'avais pas lu Philippe Jaenada depuis Le chameau sauvage, et puis je l'ai entendu dans une émission de radio, parler de sa vie, et il m'a intriguée. Le thème (malheureusement) estival de ce roman me l'a fait choisir. Un écrivain nommé Voltaire (ce qui donne lieu a des considérations réjouissantes à un moment du roman) loue une petite villa pour les vacances avec sa femme Oum et son fils Géo. Ils sont déjà venus se reposer dans ce petit coin des Pouilles deux ans auparavant, et y connaissent quelques personnes, même s'ils ne parlent pas italien, ce qui est parfois gênant, d'ailleurs. (Ah, la scène du coup de balai sur le balcon, où le narrateur se retrouve enfermé dehors, j'ai failli m'y étouffer de rire !). Mais le village de vacances est cerné de forêts et un incendie se déclare, par temps de grand vent, les obligeant à se réfugier sur la plage.
C'est bien sûr très schématiquement résumé, ce qui est surtout passionnant, c'est que le narrateur fait état de toutes les pensées qui le traversent à chaque moment de cette journée particulièrement éprouvante et dramatique. Avec le style inimitable de Philippe Jaenada, tout hérissé de parenthèses, pratiquant avec acharnement l'auto-dérision et les comparaisons empreintes d'humour, cela donne un résultat à la fois authentique, humain, et dramatiquement drôle.