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" Annie François était sans doute la plus grande lectrice - autant dire le plus grand lecteur - que j'aie jamais rencontrée. Presque autant de livres lus, chaque semaine, que de paquets de Gauloises - et ça n'était pas peu dire. Personnalité d'exception, colérique, raffinée, violente et délicate, aristocratique à la façon des Grands Seigneurs du temps de Saint-Simon. J'avais récolté pour elle - c'était le genre de petites attentions qu'elle aimait, qu'elle prodiguait elle-même avec une élégance souveraine - des coquillages de la Caspienne, sur le rivage d'une péninsule nommée Shah Dilli, la langue du Shah.
Elle est morte le jour où je les lui ai envoyés. "
Olivier Rolin, Bakou, derniers jours, 2010.
Avec Mine de rien s'achève, cahotante et comme vidée de ses forces, la trilogie par laquelle Annie François avait entrepris de raconter sa vie avec les livres : Bouquiner, avec le tabac : Clopin-Clopant, et enfin avec la souffrance.
François Chaslin, qui fut son compagnon, clôt le récit dans un contrepoint poignant où tombent les dernières défenses, " de guerre lasse ".
Chère Annie
Comme dirait Desproges, on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui.
Avec Annie François, on (se) rit du cancer qui, "mine de rien" l'a suivi pendant 14 ans.
Pour cette ancienne éditrice, immense lectrice et grande amoureuse des paquets de Gauloises, devenir une "irradieuse" méritait d'être raconté.
Après "Bouquiner" son autobibliographie; "Clopin-clopant" son autotabacographie voilà le dernier volume de sa vie "Mine de rien" : son autocancérographie.
Lisez cette trilogie ! découvrez ce personnage ! son humour tordant, sa culture encyclopédique, ses râleries, ses petits bonheurs (ah les bouquets de verres à dents! ) et ses grands combats.
Pour ces derniers, c'est la mort qui a gagné la bataille du corps mais elle a perdu celle de l'oubli.