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Gonçalo M. Tavares a un talent rare, celui de raconter des histoires invraisemblables avec une clarté, une simplicité, une justesse qui rendent ses textes immédiatement compréhensibles alors qu'ils pourraient désarçonner. ? Libération?
Aaronson n'a pas toujours été mort. Il fut un temps où Aaronson était même, sans exagérer, un être vivant. De vingt-sept à trente ans, Aaronson tournait - tel un insecte obsessionnel - autour d'un rond-point.
Tous les matins, on pouvait voir un homme, entre sept heures et sept heures et demie, faire le tour du principal rond-point de la ville, vers lequel convergeait 60 % de la circulation.
C'est ainsi que Gonçalo M. Tavares nous invite à suivre les aventures extravagantes de ses personnages : un joggeur, un enquêteur sondeur, un enseignant, un collectionneur de cafards... Jusqu'à l'apparition de son héros, le vrai, Matteo, celui qui a perdu son emploi.
Vingt-six individus dont les destins sont liés comme dans un jeu de dominos, la chute d'une pièce entraînant celle de la suivante.
Le lecteur avance de surprise en surprise, empruntant simultanément les chemins de l'absurde et de l'intelligence, il découvre au fil des pages une créativité fascinante qui rappelle celle de Kafka, Beckett ou Melville. Un univers où les ambiguïtés sont reines et offrent de passionnantes réflexions sur l'homme, la ville, la vie moderne et l'ironie de l'existence.
L'un des écrivains les plus ambitieux de ce siècle.
Alberto Manguel,
El País
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Gonçalo M.Tavares est un écrivain qui aime approfondir l’examen du genre humain avec un goût certain pour la répétition. Les titres des romans de l’écrivain portugais renforce évidemment cette hypothèse : “Monsieur Valéry et la logique”, “Mr Calvino et la promenade”, “Mr Brecht et le succès”… Indubitablement Tavares apprécie les grands écrivains, et il va sans dire que son activité d’épistémologue n’est pas étrangère à son approche littéraire. Son dernier roman “Mattéo a perdu son emploi” constitue, à ce titre, une nouvelle étape dans l’oeuvre de M.Tavares. Il s’agit en effet d’une oeuvre à la fois étrange, ludique et profondément méditative qui suit une méthode tout à fait originale : chaque personnage rencontré à la fin d’un chapitre sera le protagoniste du suivant. Le lecteur va ainsi rencontrer pas moins de 25 personnages dont les destins sont liés de près ou de loin à travers des thématiques très variées.
Tout commence avec Aaronson, le premier personnage qui a pris l’habitude de faire son jogging quotidien autour d’un rond-point entre 7h et 7h30 toujours dans le même sens giratoire. Lorsqu’un matin, il décide de prendre le rond-point dans le sens contraire il est renversé par Ashley qui va alors rencontrer Bauman et ainsi de suite jusqu’à l’apparition de Mattéo qui a perdu son emploi. Le style de Tavares fluide et inspiré entraîne le lecteur dans un univers où la folie et la raison danse dans les bras l’une de l’autre. Il y a quelque chose de profondément britannique dans cette approche littéraire qui nous projette jusqu’aux limites de l’hallucination et du vertige. A noter que le texte est constellé de photos qui sont autant de pauses dans la narration. Enfin Gonçalo M.Tavares associe au récit une passionnante réflexion sur les évolutions de la société contemporaine dans un monde où règne la confusion.
“Mattéo a perdu son emploi” est un roman totalement hors norme, génial et profondément philosophique ; une de ces oeuvres baroques qui redonne à la littérature des vertus cathartiques à travers une succession d’épisodes tragi-comiques qui sont autant de prétextes à aphorismes jubilatoires et méditations lucides.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)