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Je suis né au cour de la guerre d'Algérie et je l'ai su très tard.
Parmi mes frères et sours de lait de l'assistance publique, dans notre maison de carton, devant les champs et près de l'église, il n'y avait pas d'Algériens.
Je ne m'invente pas des frères et sours algériens, je les trouve, retrouve, évidents, sur mon passage qui va de demain à hier dans les deux sens. En allant vers eux je vais vers moi bien sûr, et vers cette compagnie qui s'invente par solitude ramifiée.
Je laisse donc parler mon histoire algérienne en laissant parler la clameur de celles et ceux qui ont dû re-clamer leur existence dans l'égalité non encore faite.À Nanterre, dans la tension de mon écoute de M'hamed et des autres, j'ai réouvert Kateb Yacine, son roman-théâtre. Les conversations et irruptions de paroles ici retranscrites, remâchées, ruminées vont vers ce temps retrouvé.
Philippe Ripoll