Valerio Varesi a déjà publié en Italie plus de dix romans dont le commissaire Soneri est le héros récurrent. Son métier de journaliste en fait un connaisseur des affaires de son pays, il aime particulièrement fouiller l’inconscient d’une nation qui fut traversée par le fascisme, le terrorisme des Brigades Rouges, la Mafia et qui accueille à Rome le Vatican. Mine de rien c’est beaucoup mais c’est aussi un formidable terreau pour un spécialiste du roman noir.
« Le Fleuve des brumes » se déroule dans le nord de l’Italie dans la vallée du Pô. Il ne cesse
de pleuvoir et la rivière monte de plusieurs centimètres par heure. Valerio Varesi nous livre une Italie trempée, une Italie sous les parapluies où tout commence par la disparition inquiétante d’un batelier suivie de la défenestration de son frère Pour le commissaire Soneri c’est le début d’une enquête complexe ... Il lui faudra toute son intuition et sa sagacité pour arriver à comprendre les liens qui relient les deux affaires. Y a-t-il un rapport avec le lointain passé fasciste des frères Tonna? Nous proposer cette plongée radicale dans le passé lourd et refoulé de l’Italie constitue sans doute l’un des points forts du roman.
L’enquête du commissaire Sonerio explore la part des ténèbres de son pays, ce dont la plupart des Italiens n’aiment guère parler au même titre que la période de la collaboration en France. Les frères Tonna portent le poids des erreurs du passé et les investigations de Soneri font remonter des remugles pour le moins nauséabonds et puis il y a cette crue qui pousse le Pô en dehors de son lit. L’enquête progresse au rythme de la crue. Quelque chose du passé vient déborder dans le présent. Varési construit un récit où le gris clair vient parfois éclaircir toute une gamme de gris foncés. L’atmosphère générale est aussi plombée qu’une journée d’automne à Glasgow. Pas un rayon de soleil ne viendra éclairer l’enquête du commissaire Sonério. Un vrai roman noir … C’est si réussi qu’on espère que les éditions Agullo publieront l’ensemble de l’œuvre de Varesi.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
je recommande
une belle intrigue sur fond de passé trouble et dans les brumes du Pô