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Le désir n'est pas responsable de la violence alors que notre civilisation, dans ses légendes et ses religions, par ses normes morales et sociales, à travers son histoire et la vie quotidienne, fait du désir un bouc émissaire, sacrifié à la violence. Ce sacrifice est censé neutraliser la violence mais lui donne au contraire libre cours. A travers une série de tableaux empruntés à la mythologie, à l'art et à l'histoire, de l'Égypte ancienne au monde contemporain, ce livre montre comment on est passé d'une philosophie religieuse fondée sur le désir et la vie, à un système de valeurs sacrifiant le désir au profit de la jouissance, de la violence et de la mort.
Cette option sacrificielle abaisse la femme qui incarne l'être et le désir, privilégie l'homme qui incarne l'avoir et la jouissance. Les figures mythiques d'Isis, Ève, Marie-Madeleine, les figures historiques d'Héloïse, Camille Claudel, Dora Maar, l'œuvre d'un musicien comme Wagner, témoignent dans ce livre pour le désir, pour toutes les femmes victimes de ce sacrifice. Ces témoignages rejoignent les enseignements d'un philosophe comme Spinoza, de mystiques tel que Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, d'un neuro-biologiste comme Damasio, pour montrer que le désir peut être plus fort que la violence lorsque la jouissance l'élève au lieu de l'abaisser, lorsqu'il allie la sensualité et la spiritualité qu'a séparées le dualisme du corps et de l'âme.
Cette réhabilitation ouvre la perspective d'une philosophie positive du désir qui mise sur le désir pour vaincre la violence. Il faut pour cela réapprendre à désirer.