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Madame de Staël avait jugé le Prince de Ligne : " Il était unique " autant par la valeur de son œuvre que par sa forme et son ton assez singuliers dans les Lettres. Etranger mais partout recherché ; écrivain, ici primesautier, là moraliste, il est " un modèle au lieu d'être un imitateur ".
Homme des contrastes, Ligne, en dépit de ses activités différentes mais complémentaires révèle " l'infatigable jeunesse de son esprit " et l'ardeur d'un cœur en tous lieux disponible.
Aussi, son œuvre volontairement désordonnée, tantôt sans apprêt, tantôt fignolée, est-elle le baromètre de son époque.
Sans prétendre faire de lui un Européen avant l'heure, reconnaissons qu'il est le meilleur connaisseur de l'Europe des Lumières. Mémorialiste original, toujours enthousiaste, parfois visionnaire, il en relate des événements, mêlant le tour plaisant de Commynes à l'ironie mordante de Saint-Simon.
Pierre Grenaud reste attaché aux destins contrastés et souvent contrariés, tels ceux de l'esthète mondain puis ruiné Boni de Castelane, de la rude et non conformiste Palatine et de Montesquieu moraliste et libéral, certains assez tributaires de leur filiation spirituelle pour s'autoriser les licences de la chair autant que celles de l'esprit.