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La langue créole possède une indéniable richesse poétique, une profusion d'images révélatrices d'un imaginaire forgé dans la générosité ensoleillée de ses îles et dans l'obscure terreur de l'esclavage. Pourtant cette poésie n'avait pas fait l'objet d'études approfondies. L'ouvrage de Maryse Romanos, documenté, éclairant, est une première pierre apportée à l'édification d'une critique littéraire centrée sur l'écrit créolophone, comme l'affirme Raphaël Confiant en préface.
De Marbot aux précurseurs-militants comme Rupaire, Lubeth, Poullet, Rippon, Bernabé, Boukman, Monchoachi, pour qui littérature rime avec message, combat, mode de vie, bref avec l'âme d'un peuple, jusqu'aux nouveaux venus comme Verin, Danican, Viranin... l'auteur retrace l'entrée des Antilles en poésie. Elle conte cette beauté si facilement comprise de chacun, tant elle est imprégnée de sa musique, de son gwo ka, de ses biguines, de son histoire, de ses traditions, tant elle sait être proche du langage familier, tant elle sait pousser à la réflexion et à la contemplation, tant elle témoigne d'un souci constant de la réalité.
Cet essai est un outil d'analyse claire et fine où se renouent les traces de la culture profonde et la recherche de vérité dans une vision originale et singulière. La poésie créole puise son identité dans son patrimoine africain, européen, caribéen mais reste avant tout d'essence antillaise. Ecoutons le message jailli des lèvres de nos poètes, défenseurs des opprimés, des sans paroles, porteurs de semailles traditionnelles versées dans le moule de la modernité.