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" Elles retrouvaient une part des élans qui avaient enflammé leur jeunesse, quand mai 1968 proposait de refonder le monde et d'offrir un radieux avenir aux bambins qu'elles ne manqueraient pas d'enfanter. La maternité pousse à la prudence, la conjugalité à la paresse. Le souci des autres passa désormais par l'officine pour l'une et la charité pour la seconde. La misère était un paramètre. Les regards mouillés de Maurice et Jeanne les ramenaient à la réalité, les rendaient utiles, si ce n'était nécessaires.
Vivantes, en tout cas. "
Marie et Gabrielle. A l'internat, la studieuse fille de fonctionnaire de Rodez a rencontré la fantasque héritière d'une ganterie de Millau. Elles sont devenues amies. Pour la vie. La soixantaine passée, leurs différences de milieu social se sont à peu près estompées et leurs époux copinent à la chasse tandis qu'elles jouent au bridge. Elles participent à des tournois, et leur célébrité va croissant dans le département.
Elles doivent affronter ce dimanche le club de bridge le plus réputé du Puy-de-Dôme ! On se met en route, on a le temps, on passera par l'Aubrac... Mais c'est la panne sèche, pas de réseau et la pluie qui se met à tomber. Elles sont crottées jusqu'au mollet le long de ce sentier qui mène à une bâtisse isolée. C'est à ce moment que leurs vies basculent. En entrant dans le buron déserté, et en rencontrant au cours de la nuit un couple de paysans qui y survivent, elles vont découvrir une de ces histoires de misère qui sont d'autant plus désespérantes qu'elles n'intéressent personne.
Marie et Gabrielle vont irrémédiablement s'attacher à ces naufragés que la société ignore. Et tant pis s'il faut mentir aux maris qui vont se faire bien des idées fausses...
