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Peut-on étudier la création sans engager la masse bruyante des rhétoriques convenues du monde de l'Art ? Est-il pensable de présenter cette activité cognitive non par l'exégèse formelle ou le " contenu de vérité " d'objets ou manifestations qui en attestent mais par l'activité même qui les fait être ? Faut-il relever l'interpellation proférée par un philosophe (de l'être) : " Que faites-vous, de vos neurones quand...
? " Est-il alors pensable de rendre lisible la tâche, ses déterminations, intentions et configurations, dès que s'annonce l'attente, le manque déclaré, quand s'affronte l'exigence (de soi ou d'autres) de faire exister dans l'instant, un inexistant, de lui donner formes et raisons d'être ? Si l'on adopte ce point de vue d'un faire-face immédiat au projet, à l'impératif de mettre en œuvre l'inexistant, de créer un artéfact quel qu'il soit et d'où qu'il se fonde, on peut tenter d'argumenter que le terme conception serait plus détonnant, plus dénotant aussi que création.
Rien d'étonnant à ce qu'un monde de fictions actives surgisse : fictions du fait de concevoir des choses en toutes leurs dispositions. Là, pour l'essentiel et à tout coup, règne la technofiction, son dispositif métaphysique, son appareil opératif et ses procédures opératoires. D'autres fictions sont-elles pensables ? Moins normatives, plus exotiques celles-là ? Suivant cette logique des possibles, il faut encore essayer, de les dénouer, telle la fiction d'émergence de plasticité, qui renouvelle l'examen de ce par quoi le différent et le divers s'affirment.
Tous ces récits et montages pratiques qui tentent d'ordonner l'activité de conception et sa pensée, toutes ces fictions de l'artéfactualité créatrice, y compris " cyber-assistée " ou " augmentée ", qui déforment et forment nos milieux, constituent un régime élargi de conjectures, celui des fictions de concevoir, de concevoir les conditions matérielles de notre devenir.