En cours de chargement...
Éloignée dans la deuxième moitié du vingtième siècle de son projet de formation d'un citoyen conscient et critique, l'Éducation Populaire semble aujourd'hui abandonner son rôle d'émancipation collective au profit d'une intégration individuelle. Confrontées à l'évolution du travail, les associations d'Éducation populaire, engagées dans des démarches de professionnalisation, portant l'illusion du consensus de l'exclusion, oublient souvent leur projet global inscrivant leur démarche dans un changement de société et se retrouvent en difficulté devant un individualisme présenté parfois comme une vertu.
L'irruption de l'interculturel se traduit à la fois par " l'ethnicisation " de l'immigration due à la construction de la " forteresse Europe " et par le vécu au quotidien d'une dimension internationale.
Face à la fracture qui s'élargit entre les " grands voyageurs internationaux " et une grande partie de la population qui se replie sur elle-même, l'Éducation Populaire, de tradition universaliste, rencontre des difficultés pour échapper à un international institutionnel. Aujourd'hui, si les hommes sont sans doute plus libres, ils sont aussi plus fragiles, et l'Éducation Populaire est interpellée par la nécessité de conjuguer une demande d'émancipation individuelle et une volonté d'émancipation collective.
Cependant, pour peu que l'Éducation Populaire soit rendue plus visible, par une affirmation politique de son projet et une interrogation de ce qu'est une association, elle peut jouer un rôle fondamental dans la gestion des tensions et des conflits qui participent de la socialisation de chacun en faisant de la recherche de l'équilibre, dans une démarche d'apprentissage interculturel, un véritable outil formateur.
C'est tout un avenir, porteur de sens, qu'elle se doit de réinventer.