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17 juin 1940
Voilà, c'est fini. Un vieil homme qui n'a plus même la voix d'un homme nous a signifié à midi trente que cette nuit il avait demandé la paix.
Je pense à toute la jeunesse. Il était cruel de la voir partir à la guerre. Mais est-il moins cruel de la contraindre à vivre dans un pays déshonoré? Je ne croirai jamais que les hommes soient faits pour la guerre. Mais je sais qu'ils ne sont pas non plus faits pour la servitude.
Jean Guéhenno a tenu ici le journal de nos communes misères sous l'Occupation, d'un côté en simple témoin, qui n'était pas dans le secret des dieux, de l'autre en professeur de liberté. S'agit-il d'une lointaine histoire qui ne peut plus rien nous dire ou d'événements qui resteront jeunes ? Le livre est dédié à ceux de ses anciens élèves qui se sont engagés à mourir pour que revive la liberté.
PROFESSEUR DE LIBERTE
Du 17 juin 1940 ("Voilà, c'est fini. Un vieil homme qui n'a plus même la voix d'un homme, mais parle comme une vieille femme...") au 25 août 1944 ("La liberté, la France recommence"), Jean Guéhenno écrit de sa "prison", évoque "La France qu'on n'envahit pas", parle de liberté, des ses amis (Paulhan),de résistance intellectuelle, des ses ennemis (les écrivains collabos), de la sottise ambiante, de la faim, des petits gestes de résistance (s'habiller en bleu-blanc-rouge), de la France qui fait le gros dos, attendant des jours meilleurs, des politiques (Pétain) abhorrés, de son enseignement, de ses élèves (qui préparent l'Ecole Normale), de la jeunesse (qui résiste ou dénonce), de ses doutes sur sa propre attitude vis à vis des évènements, de ses auteurs de prédilection (Montaigne, Rousseau), critiquant sévèrement Gide.....
À lire comme un témoignage de première main sur les "années noires", même si, comme il le signale dans sa préface, il ne pouvait pas tout écrire, qui devrait inciter à méditer sur les temps présents et, surtout, à (re)découvrir Jean Guéhenno l'humaniste (penser à lire " Changer de vie " publié chez Grasset) dont beaucoup d'oeuvres ne sont plus accessibles.