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Comment dire l'extraordinaire diversité du monde des religieux, depuis les premiers temps de l'Église primitive jusqu'à l'aube du XXIe siècle ? Face aux difficultés à en cerner la complexité et l'évolution, une clarification et une synthèse s'avéraient depuis longtemps scientifiquement nécessaires. L'Histoire des ordres et congrégations religieuses de Sophie Hasquenoph a l'ambition d'offrir l'étude historique, culturelle et juridique du monde religieux qui manquait.
Menée sur le long terme, elle permet de définir la nature spécifique des religieux à travers le prisme de l'événementiel et d'enrichir la chronologie par une véritable analyse historique et culturelle. Après une approche générale du monde régulier et séculier, qui définit clairement l'identité du religieux à travers l'originalité de sa vocation, sa façon de vivre au quotidien et sa relation avec la société environnante, le lecteur suivra l'évolution des familles religieuses au Moyen Âge, aux Temps modernes et à l'époque contemporaine, dans le cadre plus large de l'histoire de l'Église de France.
Les héritages, les permanences et les ruptures, à l'heure des grandes crises comme les guerres de Religion, la Révolution française, la séparation de l'Église et de l'État, donnent toute leur dimension et leur sens aux réussites, aux tâtonnements et aux fragilités, voire aux échecs, de telle ou telle expérience religieuse conduite à travers les siècles. Mais, du moine bénédictin jusqu'au « petit gris » d'après 1968, du jésuite missionnaire à la religieuse à cornettes des temps modernes, ce livre révèle la continuelle adaptation du monde des religieux et son étonnante permanence jusqu'à nos jours.
Remarquable ouvrage, objectif et éclairant : une mine d'informations sérieuses !
Ce remarquable ouvrage est – je n’oserai dire une bible ! – en tout cas, une mine d’informations sérieuses sur l’histoire des ordres et congrégations religieuses en France ; il m’a intéressé et éclairé de bout en bout malgré un texte de 1260 pages, il est vrai, très bien écrit, très clair, très documenté et régulièrement illustré, complété par des encadrés, des tableaux, des graphiques et des cartes, de surcroît, suivi de copieuses annexes, d’une bibliographie exhaustive et d’un utile lexique.
Bien sûr, dans un texte aussi long et dense, se glissent inévitablement quelques coquilles. Pour ne relever que celles qui concernent un sujet que je connais bien, il me semble (cf. page 577) qu’en 1608, saint François de Sales a publié « l’Introduction à la vie dévote » (« Ce livret est sorti de mes mains en 1608 », Avis au lecteur) et non le « Traité de l’amour de Dieu », publié en 1616 (« A Annecy, le jour des très aimants apôtres saint Pierre et saint Paul, 1616 », Préface).
En outre, à la page 751, toujours à propos de saint François de Sales, l’autrice écrit : « Le 2 février 1656, il s’explique à ce sujet auprès de Mgr de Vaudemont [Marquemont ?], archevêque de Lyon. » Or, saint François de Sales est mort, certes à Lyon, mais le 28 décembre 1622 !
Cela dit, je remercie Sophie Hasquenoph pour son grand savoir et son objectivité (car elle n’occulte pas les travers de certains religieux et les déficiences de certains ordres) et également l’éditeur qui a réduit le prix initial de ce livre, présenté en coffret cartonné, de 39 euros à moins de 20 !