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Devant l'appartement de Renata Loretan, il y a un pré avec un pommier. Et, dans les branches du pommier, son fils Erhard, 7 ans. Il y apprend tout de l'escalade : les gestes, le risque, le vide. Mieux et plus vite que les autres, mais personne ne le sait encore : le génie s'attrape tôt ou jamais.
À 13 ans, il s'envole dans un surplomb humide qui a repoussé son ami Pierre Morand lequel, quarante ans après, confiera à Charlie Buffet : « Erhard n'a jamais eu besoin d'apprendre.
Il savait. Il avait tous les dons : l'agilité, mais aussi le sens de l'itinéraire, le mental. Tout ! » Le même dira, après l'avoir suivi à plus de 8 000 : « C'est un des alpinistes du siècle. Il y en a peut-être deux ou trois comme lui, sûrement pas plus. » Paroles de témoin et d'ami. Charlie Buffet, en biographe scrupuleux, ne peut se situer sur ce terrain-là. Hormis la mort de son fils, abordée dans l'ouvrage avec le tact et la délicatesse que commande l'évocation d'un drame vécu par un homme qui « exigeait la discrétion sur sa vie d'homme discret », quand il s'est agi de retracer la carrière de l'alpiniste, notre auteur s'est appuyé sur des faits - des dates, des chiffres, des horaires, des noms - et des témoignages.
Il a ordonné et fondu le tout dans un superbe travail d'écriture qui fait d'Une vie suspendue le plus bel hommage rendu au génie d'Erhard Loretan.