En cours de chargement...
Un texte beau et dense. Une tradition, le chant poétique pour honorer les sans-voix, le tombeau.
Et fascination supplémentaire, en terre de Bretagne, à ce que la frontière est toujours si poreuse.
Trois blocs-textes dont chacun serait hommage, plus qu'au seul portrait dressé, à ce que chacun de nous porte de morts. Mais c'est concret, c'est la prose poussée jusqu'à charge d'homme :
L'homme au pilon offre ses restes d'arthrose au soleil.
Il fume debout près d'une faucheuse rouillée. Devant lui, il y a la maison éventrée où Eugène M., l'ancien terre-neuvas, s'est pendu. Depuis peu, poutres pourries et ardoises cassées s'emmêlent et s'émiettent sous les ronces.
Entre deux taffes, il revoit l'encordé, poussant une brouette sur laquelle était posé un fût rempli de langues et de joues de morues conservées dans du gros sel. Il rentrait tard par les fossés.
Finissait sa tournée en gueulant aux fenêtres que c'était sa part de pêche, son quota de fatigue et de travail pour rien qu'il se devait de distribuer aux gens du hameau.
Jacques Josse est un de ceux à qui, dès l'ouverture de ce projet, il m'a semblé important de solliciter la présence. On sait qu'ici les cartes traditionnelles se rebrassent : il ne s'agit pas d'auto-édition, parce que nous passons - en équipe - beaucoup de temps à la relecture, accompagnement, corrections selon le processus habituel aux normes de l'édition graphique.
D'autre part, il s'agit de défricher ensemble une pratique encore neuve : comment utiliser nos écrans et nouveaux supports, sur lesquels, pour la vie professionnelle comme dans nos pratiques culturelles et les échanges privés, nous passons de plus en plus de temps, pour y dialoguer aussi avec la littérature ?
Jacques Josse est de longtemps à ce carrefour. Auteur, il vient de faire paraître aux éditions Apogée Les lisières [éditions Wigwam (Lien -> http://www.wigwametcompagnie.net/accueil.htm).