Après avoir lu, il y a quelques temps Le dernier jour d'un condamné, j'ai naturellement eu envie cette "nouvelle" du grand Victor Hugo. Claude Gueux est une histoire tirer d'un vrai fait divers. Et Victor Hugo l'a prise pour illustrer son message, un message important et essentiel : l'abolition de la peine de mort.
Claude Gueux est un ouvrier français comme bon nombre d'homme en France à cette époque. Bien qu'il ne sache pas lire, c'est un homme intelligent, "sachant penser". Il a une "femme", une petite fille et Claude, par un hiver froid, n'a pas d'autres solutions que de voler (quoi,
où, nous n'en savons rien et ce n'est pas cela l'important) pour nourrir sa famille et réchauffer la pièce qui leurs sert de logis. Pour ce vol, Claude Gueux sera condamné à cinq ans de prison. Mais voilà, quatre ans de prison peuvent anéantir un homme. Il a tout perdu : sa femme, sa fille, son ami, et le pauvre Claude finira par commettre l'irréparable et sera ainsi condamné à mort.
Comme toujours, je reste admirative devant la puissance du récit de Victor Hugo. En moins d'une centaine de page, il arrive à questionner, à remettre en question une société, à pointer du doigt des dérives, des problèmes... Victor Hugo est un écrivain au talent époustanflant (bon c'est vrai, je me répète, mais je peux faire autrement). J'ai tout de suite été attendrit par Claude Gueux et révolté par les conditions dans la prison, les conditions de l'emprisonnement de ce pauvre Claude. Victor Hugo dénonçait les injustices et les problèmes de son époque, mais au regard de ce récit, je me rends compte qu'entre hier et aujourd'hui, rien n'a changé. Les mêmes problèmes demeurent : la misère du peuple, les conditions horribles et inhumaines dans les prisons, le gouvernement qui semble se moquer de ces faits et qui préfère s'occuper d'autres problèmes moins urgents... Pourtant, Victor Hugo propose des solutions, l'éducation par exemple.
Ce texte d' Hugo, à l'origine paru dans La Revue de Paris, a été publié en 500 expemplaires en 1834, grâce à un négociant, Charles Carlier, afin de les envoyer aux députés de France. Mais en voyant les suites dans l'Histoire de France, je me dis que ces mêmes députés, comme les gouvernements suivant, n'en n'ont pas pris compte, car n'oublions que la peine de mort fut abolie en France en 1981, bien après l'Italie (1860), la Roumanie (1864), le Portugal (1866), la Norvège (1905), l'Autriche (1919),l'Allemagne en 1949 ou l'Angleterre en 1970.
Claude Gueux est un texte fort, un plaidoyer contre la peine de mort, servi par une plume magnifique et brillante. Un petit livre classique essentiel.
Moderne
Pour un peu de pain dans le ventre de son enfant et de sa maîtresse et un peu de feu dans l'âtre de son foyer, Claude Gueux a volé. Sans pitié pour cet homme jusque là honnête sorti du droit chemin par la misère, la justice l'envoie à la prison de Clairvaux pour cinq ans. L'homme, doux et placide, ne se plaint pas de son sort même si la faim le tenaille à tous les instants. Respecté par ses compagnons d'infortune, il s'attire la jalousie du directeur de l'atelier pénitentiaire, Monsieur D. Abusant de son pouvoir, celui-ci le sépare de son jeune ami Albin qui partageait son pain avec lui. Claude a beau demander des explications, supplier pour qu'on lui rende son ami, l'intransigeant Monsieur D. ne cède pas. Alors le prisonnier docile se transforme en juge inflexible et condamne son tortionnaire à mort. Passé le délai raisonnable qu'il lui avait accordé pour revenir sur son injuste décision, il tue Monsieur D. d'un coup de hache. Il était voleur, il est devenu assassin et sera condamné à mort par une justice horrifiée par son geste et aveugle aux circonstances qui l'ont conduit à cette extrémité.
Partant d'un fait divers réel, Victor Hugo dresse le portrait d'une société répressive qui à la misère du peuple oppose le couperet de la guillotine. Plaidoyer contre la peine de mort, son Claude Gueux vibre de la certitude qu'une autre voie est possible. Et ce qui frappe à la lecture de ce texte court mais éloquent, c'est la modernité du propos. HUGO dénonce la justice du XIXè siècle mais chacun de ses mots pourrait être prononcé aujourd'hui sans paraître anachronique. Certes la peine de mort n'a plus cours mais tout le reste est encore d'actualité : le peuple a toujours faim et froid, les conditions d'incarcération ne se sont guère améliorées, certains profitent du petit pouvoir qu'on leur a accordé pour en abuser au détriment du plus faible et les députés continuent à s'inquiéter de sujets frivoles pour éviter les changements de fond nécessaires.
Un texte brillant qui donne à réfléchir sur notre XXIè siècle si brillant qu'il n'a toujours pas régler ses problèmes d'injustice, d'égalité sociale, de prévention de la délinquance, etc. A lire!