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Nous avons besoin d'histoire car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d'une conscience - non pas seulement le siège d'une pensée, mais d'une raison pratique, donnant toute latitude d'agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s'y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s'affaiblir, à se désouvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l'expérience et méprise l'enfance.
"Étonner la catastrophe", disait Victor Hugo ou, avec Walter Benjamin, se mettre à corps perdu en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture.
Beaucoup. Et c'est peu dire.
L'histoire, avec Boucheron, peut faire beaucoup pour nous à condition de nous y intéresser sincèrement. Il n'est pas question de réciter des dates et des lieux et des anecdotes pour faire genre cultivé -ça, on s'en fiche un peu justement, quand on est naturellement porté sur le doute. Comprendre que l'histoire peut avoir du sens ou pas selon comment on la regarde, est un plaisir intense avec cet auteur dont la plume prend aux tripes (j'ai pour ma part, entendu ce discours qui m'a mis les larmes aux yeux.). Sortir des artifices délétères de l'urgence généralisée, de l'immédiateté imposée et réclamée, des calculs exacts d'intérêts à court terme, de l'enfer de l'identique, de l'orientation aliénée de la flèche du temps vers une prétendue fin de l'histoire (je pense à Fukuyama..et Fukushima!) : prendre l'air. Et le faire circuler..................