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Diverses circonstances de la vie de Gide - son éducation puritaine, son expérience précoce de la maladie, sa particularité sexuelle - ont contribué à placer le corps au centre de ses préoccupations et partant de son œuvre littéraire, qui brouille les frontières de l'autobiographie et de la fiction et apparaît à la fois comme le témoignage et l'instrument d'une libération. Il ne s'agit pas pour autant de se complaire dans un hédonisme aveugle ni d'occulter l'esprit.
Par l'intermédiaire du corps, l'être est en communion avec le monde et trouve la voie d'une forme de spiritualité, vision qui dépasse le dualisme chrétien et impose une loi nouvelle.
Compte tenu du contexte dans lequel elle s'inscrit, l'apologie gidienne du corps, qui marque l'avènement d'une sensualité protéiforme et d'une sexualité " maudite ", fait entendre une parole de la dissidence. D'où les enjeux et aussi l'ambiguïté d'une écriture qui côtoie sans cesse l'interdit, oscille entre l'inflation verbale et le non-dit, mais ne saurait imposer le silence à ce qui en constitue l'aliment premier, le ressort intime.
Ainsi que l'écrivait Gide à propos d'Oscar Wilde, " Ici, comme presque toujours, et parfois à l'insu même de l'artiste, c'est le secret du profond de sa chair qui dicte, inspire et décide. " (Journal).