Ma première lecture d’un roman de cet auteur fut une révélation, Le Chant des regrets éternels est d’une richesse incomparable. Et j’avais bien l’intention de lire ses autres livres. Réunissant tous les éléments qui m’avaient tellement enchanté dans cette première lecture, ce court roman est aussi remarquable. C’est l’histoire de deux jeunes danseurs, leur entraînement au fil des saisons, leur acharnement dans le travail, la tension impalpable de leur émulation. « Ils se dépensent en vain, c’est en réalité pour eux-mêmes qu’ils ont besoin de l’autre ». A cela
s’ajoute, en interlude, les descriptions de la ville, la vie de ses habitants, le passage des saisons. Utilisant des phrases très courtes, l’auteur parvient à nous transporter totalement. Rien qu’en lisant quelques courts extraits, où l’auteur évoque la première pluie de printemps, on peut s’en faire une idée. Et c’est dans la simplicité même de la prose qu’éclate la poésie du texte, comme un chant. « Le crépuscule qui descend sous la pluie apporte une douce mélancolie ou encore une fraîche tiédeur ». Ici il faut entendre la musique qui accompagne nos deux danseurs, dont chaque rencontre forme un tableau. Et être attentif à l’écriture chorégraphique de l’auteur.
« Sur le toit du studio, suivant un chemin sinueux le long des arêtes des tuiles, l’eau dévale cahin-caha jusqu’à l’auvent et, en un clin d’œil, accroche un rideau de pluie au bord du toit ».
Ce roman est comme le livret d’un ballet, en son centre une danse entre deux êtres qui tantôt se rapprochent, s’étreignent, puis s’éloignent. Leurs mouvements « sont intimement coordonnés comme s’ils étaient indissociablement liés l’un à l’autre et respiraient d’un même souffle dans une parfaite harmonie ». Il y a aussi de la violence, au cœur de la sensualité, des moments d’abandons, d’apaisements, le désir qui s’émousse ou s’enflamme, « même sans se voir, ils sont tous d’eux occupés par l’autre ». Le roman pourrait être transposé sur une scène, le lecteur peut très facilement imaginer différents tableaux, les éclairages, les sons, les décors. Nos deux danseurs « sont seuls à savoir combien l’attente les ronge. Ils pensent que le monde entier n’est que douleur, que douloureuse nécessité de prendre patience ».
« La précipitation et la tension les empêchent cependant d’assouvir complètement leur désir, ce qui les fait encore plus rêver à l’autre. Ils ressentent vivement les entraves que leur créent les tiers, ils se sentent particulièrement seuls et ne peuvent s’empêcher de se blottir étroitement l’un contre l’autre, de s’entraider dans leur infortune (…) ».
Le roman se termine comme un chant du cygne inversé, en fond musical la « puissante mélopée des porteurs d’eau » résonne en duo avec le bruit inquiétant du fleuve ; une course éperdue débute, une fuite entre vie et mort, une lutte entre désir et abstinence, entre une jouissance violente et la solitude d’un désir torturé, puis vient l’apaisement, l’acmé.
Xiaocheng zhi lian (trilogie de l’amour tome 2)
Ma première lecture d’un roman de cet auteur fut une révélation, Le Chant des regrets éternels est d’une richesse incomparable. Et j’avais bien l’intention de lire ses autres livres. Réunissant tous les éléments qui m’avaient tellement enchanté dans cette première lecture, ce court roman est aussi remarquable. C’est l’histoire de deux jeunes danseurs, leur entraînement au fil des saisons, leur acharnement dans le travail, la tension impalpable de leur émulation. « Ils se dépensent en vain, c’est en réalité pour eux-mêmes qu’ils ont besoin de l’autre ». A cela s’ajoute, en interlude, les descriptions de la ville, la vie de ses habitants, le passage des saisons. Utilisant des phrases très courtes, l’auteur parvient à nous transporter totalement. Rien qu’en lisant quelques courts extraits, où l’auteur évoque la première pluie de printemps, on peut s’en faire une idée. Et c’est dans la simplicité même de la prose qu’éclate la poésie du texte, comme un chant. « Le crépuscule qui descend sous la pluie apporte une douce mélancolie ou encore une fraîche tiédeur ». Ici il faut entendre la musique qui accompagne nos deux danseurs, dont chaque rencontre forme un tableau. Et être attentif à l’écriture chorégraphique de l’auteur.
« Sur le toit du studio, suivant un chemin sinueux le long des arêtes des tuiles, l’eau dévale cahin-caha jusqu’à l’auvent et, en un clin d’œil, accroche un rideau de pluie au bord du toit ».
Ce roman est comme le livret d’un ballet, en son centre une danse entre deux êtres qui tantôt se rapprochent, s’étreignent, puis s’éloignent. Leurs mouvements « sont intimement coordonnés comme s’ils étaient indissociablement liés l’un à l’autre et respiraient d’un même souffle dans une parfaite harmonie ». Il y a aussi de la violence, au cœur de la sensualité, des moments d’abandons, d’apaisements, le désir qui s’émousse ou s’enflamme, « même sans se voir, ils sont tous d’eux occupés par l’autre ». Le roman pourrait être transposé sur une scène, le lecteur peut très facilement imaginer différents tableaux, les éclairages, les sons, les décors. Nos deux danseurs « sont seuls à savoir combien l’attente les ronge. Ils pensent que le monde entier n’est que douleur, que douloureuse nécessité de prendre patience ».
« La précipitation et la tension les empêchent cependant d’assouvir complètement leur désir, ce qui les fait encore plus rêver à l’autre. Ils ressentent vivement les entraves que leur créent les tiers, ils se sentent particulièrement seuls et ne peuvent s’empêcher de se blottir étroitement l’un contre l’autre, de s’entraider dans leur infortune (…) ».
Le roman se termine comme un chant du cygne inversé, en fond musical la « puissante mélopée des porteurs d’eau » résonne en duo avec le bruit inquiétant du fleuve ; une course éperdue débute, une fuite entre vie et mort, une lutte entre désir et abstinence, entre une jouissance violente et la solitude d’un désir torturé, puis vient l’apaisement, l’acmé.