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Présentation sous forme de cut-up d'échanges de mails avec
l'auteur (Lien -> http://tessons1.canalblog.com/archives/2009/01/13/12073904.html) :
Ecrit en 2 jours (16 / 17 novembre 2008)
Pollock est debout.
Obsession terrible. Notes notes notes notes pendant deux jours. Au
final j'étais minable. La loco : pollock, pollock,
pollock.
Fallu aller au bout pour taire.
Alors voilà j'ai essayé froidement, et à peine déjà au bout
de 2, 3 pages, j'étais ému à nouveau, comme lors de la première
lecture.
Quelque chose du geste magique, un geste
lâché ?
Bien sûr c'est Pollock, et pour moi ça cause, mais je ne cherche
pas à comprendre : ça me touche, pas grand chose d'autres à en
dire.
Rares sont les livres que je lis d'une traite, mais là j'y suis
allé jusqu'au bout, facilement, porté.
Par exemple, la page, centrale,
Et c'est versant sa grolle que Pollock se
révèle. C'est stupide. Le geste de verser verse Pollock.
En versant
sa grolle, toute l'usure de sa grolle, Pollock se verse dans mes
yeux, c'est simple.
C'est Pollock et ce n'est pas tout à fait Pollock...
c'est au-delà ou en deçà, dans un dedans de langue qui
s'ivre.
"Pollock", et ce mot se remplit, puis se vide, se pollock encore et
bien plus, perd substance comme mot infiniment répété en se
remplissant.
Des sortes de petites "fictions" : soixante-sept.
"Fictions" car Pollock c'est aussi la somme de toutes les
figures qu'il laisse passer par sa figure.
Aussi parce que fiction,
c'est ce qu'on a de plus vrai, de plus intime et qui nous échappe
tout à fait. Pollock est venu foutre un coup de pied dans ce
tas-là.
La fiction, nous n'avons que ça de vie. Nous vivons dans un tissu
de scénarios complexes. Des histoires qu'on se raconte, projets,
fantasmes, etc. De toute façon, dès qu'on ouvre la bouche, on passe
dans la fiction. Voilà, je crois que j'ai pigé pourquoi pendant
très très longtemps je n'ai pas parlé.
Je ne pouvais pas supporter
ce passage.
Armand Dupuy, une langue souvent dans la peinture,
compagnonnage qui semble dater, voir par exemples son dehors / hors de / horde (Lien -> #9782814501164)
et son Distances (Lien -> #9782814501751).
A rapprocher d'ailleurs, même époque et même mouvement peut-être,
du Robert Franck (Lien -> #9782814500297)
de De Jonckheere ?
9'32 c'est la durée du film de Namuth (Lien -> http://fr.youtube.com/watch?v=CrVE-WQBcYQ) en 1951 dans lequel on voit Pollock
peindre avec les gestes, et l'énergie, courbé, la tension sur les
grands formats au sol, dehors, ou dans les autres films, dans la
grange.
Mais sans tout révéler, c'est aussi le film dans lequel on voit
Pollock qui verse sa grolle et de laquelle grolle tombe un truc.
Grosse pièce de monnaie ? Ou bout de ferraille ronde qui
tourne au sol ou peut-être une toupie, un tournevis, une clé de 12,
sa montre à gousset, le capuchon de la caméra de Namuth (on
n'arrivait pas à remettre la main dessus), un bouchon d'un petit
pot de confiture...
un petit bouchon d'un petit pot d'acrylique bon
marché pour peintre en bâtiment du dimanche ?
Pollock, 1947 : On the floor I am more at
ease, I feel nearer, more a part of the painting, since this way I
can walk around in it, work from the four sides and be literally in
the painting.
Armand Dupuy ne l'a pas inventé.
Juste ce truc obsédant. C'est là que Pollock est venu faire le
boulot.
Là le noeud minuscule, l'impulse qui a emmené sur le glissoir
d'écrire.
Deux jours non stop.
Allez on écoute, on laisse couler, on prend le temps de laisser"écouler" ce mouvement là. Celui de Pollock ?
fred griot (Lien -> http://www.fgriot.net)