En cours de chargement...
À découvrir
gwordia n'a pas encore complété son profil
Un grand merci à Entrée livre et aux librairies Decitre pour m'avoir, dans le cadre de l'opération "Coups de cœur des lecteurs", offert l'opportunité de découvrir ce livre en avant-première.
Que dire de plus quand le dernier roman de Roberto Ampuero, salué par la critique hispanophone et resté pas moins de vingt-quatre mois sur la liste des best sellers, incite le Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa lui-même à prendre sa plume pour manifester à l'auteur son admiration ? Une lettre forcément bouleversante pour cet écrivain qui a choisi d'en faire l'introduction à son
livre et dont voici l'extrait le plus touchant :
Je t'écris ces lignes pour te féliciter pour ce magnifique témoignage littéraire qui m'a profondément ému. Cela faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant absorbé et bouleversé. C'est une description honnête, véridique et lucide de cette illusion que nous avons partagée, comme tant de Latino-Américains, avec la Révolution cubaine.
Quand nous étions révolutionnaires - de son titre original Nuestros años verde olivo - est la narration spirituelle, mélancolique et humoristique de la quête d'un idéal, la chronique d'une désenchantement politique et amoureux.
Par le prisme d'un jeune communiste Chilien qui lui ressemble en de nombreux points, opposant au régime dictatorial de son pays et en passe d'épouser la fille d'un cacique de la révolution castriste, Ampuero retrace la façon dont l'idéal révolutionnaire de liberté et de justice à Cuba s'est rapidement transformé en dictature corrompue à l'image de la Russie ou de la Chine populaire.
Après son divorce qui met fin à sa vie opulente en total décalage avec la réalité de la population, le narrateur découvre une Havane où règne la censure, l'injustice, la violence et les persécutions. Désormais contraint pour survivre au mensonge, il conserve malgré tout ses illusions politiques et son intégrité, malgré les inévitables concessions pour sauver sa peau. Une obstination en forme de lueur d'espoir au cœur d'une réalité déprimante.
Roberto Ampuero retrace fidèlement l'environnement cubain en se servant des figures et événements historiques emblématiques de cette époque traumatisante, sans jamais tomber dans le manichéisme ni le stéréotype. Avec force nuances et détails, il replace les comportements et les expériences dans leur contexte, parvenant même à préserver l'humanité des pires crapules. Servie par une galerie de personnages pittoresques, pathétiques, débrouillards et cyniques, l'ambiance lourde de l'histoire est ainsi allégée et la tension du lecteur peut se reposer grâce à des interludes croustillants. Ce livre splendide et enrichissant est promis à un bel avenir et s'inscrira à n'en pas douter dans le temps comme une référence à cette tranche d'Histoire.
Un grand merci à Entrée livre et aux librairies Decitre pour m'avoir, dans le cadre de l'opération "Coups de cœur des lecteurs", offert l'opportunité de découvrir ce livre en avant-première.
Derrière un titre traduit peu engageant qui n'évoque pas grand chose à l'inverse de l'intitulé original The illusion of separateness (L'illusion de la séparation), se cache un livre à la construction subtile. Tellement subtile qu'il est aisé de passer à côté et de ne pas accrocher. Mais à condition d'être concentré et de ne pas hésiter à remonter le fil des courts chapitres pour bien
les relier entre eux, ce récit gigogne se révèle un véritable petit morceau de romantisme, de philanthropie voulant croire au lien entre tous les hommes. Sans doute un peu naïf, mais tellement tentant qu'on se plaît à le rêver vrai ne serait-ce qu'un instant.
Il est important à mon sens de partir averti à l'assaut de cette lecture tant sa mise en place très graduelle - pour ne pas dire lente - peut s'avérer déstabilisante. La quatrième de couv' n'expliquant pas la règle du jeu, le récit peut laisser incrédule en faisant se suivre des textes et des personnages sans rapport apparent avant la moitié du livre. Mais une fois le principe intégré, le casse-tête n'en est plus un et tout se met en place avec force émotions : l'on comprend que ces manifestes étrangers les uns pour les autres ont, parfois par le hasard le plus fugace, tous un lien déterminant entre eux, un rôle interactif sur leurs destinées respectives.
Au lecteur de reconstituer le puzzle, de remettre les pièces de ce jeu de construction dans l'ordre, au fil des flashback entre la Seconde Guerre mondiale, les années 60 et aujourd'hui, de la France aux USA en passant par l'Angleterre. Que les allergiques se rassurent ou les passionnés se détrompent, la guerre n'est ici qu'un prétexte à la coïncidence, il n'est nullement question de ses atrocités ni de réécrire des événements mille et une fois abordés. La pudeur est le maître mot de cette narration et prouve au contraire que la guerre peut aussi abriter des événements tendres et intenses.
Construit autour de l'incontournable question des origines et de l'indispensable travail de mémoire, ce roman choral s'ouvre sur le portrait de Martin, nourrisson à l'époque de la guerre qui connaît un début d'existence chaotique. C'est en découvrant les portraits de Monsieur Hugo, d'Amelia, de John et de Danny que l'on comprendra pourquoi et comment ces destins sont tous connectés. À la fois délicat et humain, ce texte rappelle au lecteur que le moindre des gestes peut bouleverser des vies entières. S'il n'est pas à proprement parler un incontournable de la rentrée, il offre, à condition d'adhérer au principe, un agréable moment de lecture.
Aborder Montaigne sans complexe
Beaucoup connaissent dans le texte les Essais de Montaigne. Mais nombreux sont ceux, comme moi, à ne les avoir pas lus. Pour certains, il s’agira d’un hasard n’ayant pas (encore) mis ce livre sur leur route, pour d’autres, peut-être, l’appréhension aura joué un rôle dans cet "évitement".
Quoi qu’il en soit, il existe depuis quelques mois un livre qui saura autant enchanter les connaisseurs que décomplexer les béotiens : Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponses. Pouvant se suffire à lui-même, préférons-lui le rôle de biographie et de remarquable introduction à l’oeuvre de Michel Eyquem, d’une érudition et d’une clarté mise à la portée de tout un chacun.
Figurant dans la dernière sélection du Prix du meilleur livre étranger catégorie essais, l’ouvrage de Sarah Bakewell multiplie les anecdotes sur la vie personnelle de Montaige et les événements qui ont marqué son temps afin de mieux cerner l’homme autant que le penseur et de comprendre ce qui a inspiré son oeuvre. Sur le ton de la conversation improvisée, elle restitue l’essentiel des textes et des intuitions du philosophe en vingt chapitres* qui sont autant de réponses à la question "comment vivre ?", élaborant ainsi un véritable guide de la connaissance de soi et de la meilleure façon de composer sa vie.
Comme tout document de réflexion, on lui préfèrera un mode de lecture ralenti, privilégiant l’imprégnation et la maturation de la pensée. Ce texte rappelle l’intemporalité des méditations de Montaigne, l’inévitable reconnaissance et identification de tout lecteur à l’analyse du moraliste et l’incontournable mise en perspective de sa propre existence. Sarah Bakewell rend ici un vibrant hommage au grand homme de la Renaissance et son livre mérite de trôner dans le rayon développement personnel où les guides existentiels autrement moins qualitatifs fleurissent à tout va…
* Ne pas s’inquiéter de la mort, Faire attention, Être né, Lire beaucoup, oublier l’essentiel de ce qu’on a lu et avoir l’esprit lent, Survivre à l’amour et à la perte, Utiliser de petites ruses, Tout remettre en question, Se ménager une arrière-boutique, Être convivial : vivre avec les autres, S’arracher au sommeil de l’habitude, Vivre avec tempérance, Garder son humanité, Faire une chose que nul n’a encore fait, Voir le monde, Faire du bon boulot sans trop, Ne philosopher que par accident, Réfléchir à tout et ne rien regretter, Lâcher prise, Être ordinaire et imparfait, Laisser la vie répondre d’elle-même.
http://adeptedulivre.com/2014/07/01/comment-vivre-de-sarah-bakewell/