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[...] Divan réveille un désir fondamental : qu’un auteur raconte avec justesse, et avec si peu de mots, le sens de la vie. Les thèmes de Divan sont effectivement universels : l’amour, le mariage, la sexualité, la femme, la maternité, les illusions de l’enfance, la nécessité du voyage, la religion, le deuil ; et c’est bien le genre de texte qu’on attend au détour tant les écueils sont possibles. On s’imagine d’emblée un texte gnangnan, trop féminin, plein de phrases dogmatiques agaçantes à la Paulo Coelho, mais il n’en est rien.
Ici tout est réussi. La voix de Mercedes
sonne juste et évite les lieux communs et le pathos. En racontant nos désirs, nos peurs, nos affrontements, elle diffuse plein de vérités sur le sens de la vie (à commencer par le fait qu’il n’y a pas qu’une vérité) et un sentiment de sérénité en refermant le livre. Ce texte est un subtil mélange entre cohérence et contradictions, entre histoire personnelle et histoire commune. Mercedes ne nous promet pas d’être originale, mais de lire dans nos cœurs avec simplicité et sincérité, et c’est une belle promesse en soi. Promesse tenue.
Le procédé narratif, à la fois original et audacieux, est tout aussi réussi. On ne saura de Mercedes que ce qu’elle voudra bien dire à son psychanalyste, au gré des séances et de son humeur. Sporadique et omniprésente à la fois, elle nous donne le point de vue du psychanalyste, même si nous n’avons que notre cœur pour l’accueillir (à moins que vous ne soyez psychanalyste de profession).
Un récit très sensible, émouvant, qui sonne très juste et qui laisse libre court à une identification particulièrement forte. Libre à vous d’incarner Mercedes, selon votre humeur, votre envie de lecture, le moment de votre vie.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/divan-martha-medeiros-a112734450
Bruno Dante, alcoolique au bout du rouleau et écrivain quand il n’est pas dépressif, a décidé de s’inscrire aux Alcooliques anonymes.
[...]
Dans la lignée des beatniks, Bruno Dante sombre dans les excès et la dépression. À l’image de l’auteur, Dan Fante, fils du grand écrivain John Fante, Bruno n’a pas la vie facile.
À la fois pathétique et provocateur, carrément détraqué mais souvent drôle, il nous fait voir comment la valeur du travailleur se mesure à l’aune de sa productivité (et de sa rentabilité). Dieu Flexibilité, permettez-nous de vendre toujours plus
de cartouches d’encre et à moindre coût !
Pourtant, Bruno Dante ne se laisse pas facilement appréhender. Même si La Tête hors de l’eau est écrit à la première personne, le récit est factuel, peu interrompu par des réflexions, même lorsque le personnage apprend une nouvelle grave.
D’autre part, l’écriture de Dan Fante n’est-elle pas surtout cathartique ? Car même le héros de la nouvelle que Bruno Dante écrit ressemble à s’y méprendre à Bruno/Dan. Le double romanesque, même s’il a l’air très proche de l’auteur, permet quand même de créer une distanciation, car il faut du cran pour écrire ce texte, par ailleurs souvent drôle, et beaucoup d’autodérision.
Malgré l’impression d’un personnage imperméable et réservé sur ses sentiments, La Tête hors de l’eau est un roman super bien rythmé, qui envoie sec à chaque page. Les frasques de Bruno Dante et les descriptions des personnages, tantôt attachants, tantôt antipathiques, sont percutantes qui l’emportent sur les quelques défauts du roman. Si vous aimez ce genre, alors c’est pour vous !
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/la-tete-hors-de-l-eau-dan-fante-a112438248
« Ces enfants de putain derrière leurs bureaux... »
[...] Les Raisins de la colère, un texte colossal qui donne leur voix à ces centaines de milliers de migrants qui, après avoir été volés de leurs terres, sont venus en Californie chercher une vie meilleure ; ces migrants sacrifiés sur l’autel du capitalisme qui, sans Steinbeck, auraient probablement été des oubliés de l’Histoire.
Voilà un texte engagé, avec un parti pris total, parfois aveuglant, qui défend les opprimés du capitalisme. Le récit des Joad est entrecoupé par de courts chapitres exceptionnels qui résonnent du chœur impressionnant de tous ces Américains. Sans cesse, Steinbeck alterne les points de vue, passant des Joad à ce chœur, nous rappelant que les Joad ne sont qu’une poignée de victimes parmi d’autres.
Steinbeck brosse le portrait naturaliste d’une famille ordinaire, où comme dans l’ancien temps, plusieurs générations vivent sous le même toit dans une répartition des rôles bien définie. Chacun tient la place qui est la sienne au sein de la famille ; les aïeuls et les hommes prennent les décisions, les femmes aux fourneaux, les enfants préservés au maximum des soucis des adultes. Humbles, pauvres, ils ont passé leur vie à travailler. Ils sont rustres, ignorants des choses du monde, mais travailleurs et terriblement attachants. Car cette famille, comme tant d’autres, est profondément liée à la terre qui les a vu naître, vivre et mourir. Certes, ils ne connaissent rien au reste du monde, mais leur connaissance de la nature est incomparable. Et c’est la force de ce roman : l’amour de la nature qui jaillit, puissant, est écrasé par le capitalisme.
Parce que c’est la logique capitaliste qui a poussé ces gens hors de leurs terres. La quête à la rentabilité incite à laisser pourrir les fruits dont la récolte serait trop coûteuse, laissant mourir des milliers de travailleurs à deux pas des champs.
25, 20, 15 cents de l’heure… avec le chômage, la valeur humaine ne cesse de baisser, le travailleur devient une main d’œuvre jetable. Le système tire, tire sans cesse sur les salaires, jusqu’à ne pouvoir s’acheter qu’une bouchée de pain par journée de travail accomplie. Ils sont pris en tenaille et ne peuvent même pas faire grève, car la faim et la fatigue les anéantirait définitivement. Si les travailleurs ne sont pas capables de s’organiser pour défendre leurs droits (au moins un contrat de travail, des revenus fixes, etc.), ils savent néanmoins faire preuve de solidarité dans la misère.
L’exploitation, la déchéance, mais aussi la solidarité, la compassion, l’amour de la nature, font des Raisins de la colère un roman à la portée universelle, au souffle exceptionnel qui résonne terriblement fort aujourd’hui. Ne soyez pas intimidé par ce monument de la littérature américaine, même si les premières pages peuvent dérouter, notamment à cause du langage argotique et du rythme lent — à l’image de ces gens ordinaires broyés par le système.
L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/les-raisins-de-la-colere-john-steinbeck-a112819008