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Les articles rassemblés à l’occasion de ce dossier dessinent un parcours qui va des premières
manifestations de voix et d’écrits de femmes au Moyen Âge et conduit à la participation des
femmes à une production de livres devenue « industrielle » à partir de la Restauration. Ils illustrent
chacun à leur manière, tantôt par des propos généraux, tantôt par l’étude de quelque figure
significative, la forte conscience qu’ont les femmes du monde de l’écrit puis de l’imprimé, de son
efficacité, de ses pouvoirs, des moyens de diffusion de la pensée mais aussi des revenus qu’il peut
offrir.
Si, dès la figure emblématique de celle que la tradition a appelée Marie de France, se trouve
posée la question du « livre », dans sa matérialité, mais aussi dans sa diffusion, les « autrices » de
la Renaissance savent tirer parti de la révolution apportée par l’invention de Gutenberg. Il en va de
même au XVIIe siècle : choix et stratégies d’édition peuvent être liés au sexe de l’auteur(e), mais
les éditeurs-libraires, tel l’un des plus puissants d’entre eux, Claude Barbin, mesurent tout le profit
qui peut être tiré de la publication des oeuvres de femmes.
Au XVIIIe siècle, la présence des femmes en littérature se diversifie plus fortement. Leur positionnement, leur carrière, leur visibilité
varient toutefois assez considérablement et on ne saurait en aucun cas les confondre dans un tout
indifférencié, ce que rappellent les exemples de Françoise de Graffigny, auteure de l’un des grands
romans à succès de la première moitié du siècle, Lettres d’une Péruvienne, et de Stéphanie-Félicité
de Genlis, l’une des premières à mener à bien une véritable carrière littéraire.
Il ne se trouve
personne pour confondre Corneille et Labiche, Malherbe et Baudelaire au nom de leur appartenance
au sexe masculin. Il en va de même des femmes en littérature, dont on ne saurait confondre les
œuvres, les carrières et les histoires. En attendant bien d’autres travaux et mises en perspective,
le présent dossier entend marquer de quelques cailloux blancs une histoire de leur apport et de
leur rapport au livre et à l’édition qui reste à écrire.