La folie fait peur, même aux soignants. La psychiatrie, certes, a changé depuis les temps de l'asile, mais on a du mal à lui faire confiance. Les rédacteurs de Pratiques, qui se sont associés pour ce numéro avec leurs confrères de l'Union syndicale de la psychiatrie, mettent ici le doigt sur les dérives actuelles : persistance de l'univers carcéral, baisse des moyens, étiquetage des patients, extériorité des professionnels, industrialisation du soin... Mais surtout, soucieux de ne pas renforcer l'isolement et l'enfermement déjà constitutifs de la folie, ils proposent un positionnement résolument différent, axé sur l'ouverture et le lien. Ce numéro se veut un outil pour tous ceux qui sont confrontés à la folie. Il donne la parole aux familles, aux soignants - généralistes, infirmiers, psychiatres, psychanalystes -, aux artistes qui prennent acte du désir de communiquer et de la soit de rébellion de ceux qu'on appelle fous. Tous témoignent qu'on peut se mobiliser auprès des patients, qu'avec de la patience, il est possible d'entrer en lien avec eux. Et qu'alors, si on s'en donne les moyens, au-delà des difficultés de la condition humaine, au-delà des tragédies de la " petite " et de la " grande " histoire, les destinées peuvent se réécrire. Le hors dossier prolonge la réflexion avec ses rubriques trimestrielles et annonce la création du Collectif Alerte Santé, notre santé n'est pas une marchandise, ouvert à tous les citoyens concernés par la démarche de Pratiques.