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Littérature de l'effroi et de l'incertitude, le fantastique voit ses territoires bien souvent secoués par un rire, étrange, mauvais, ambigu. Rire pour tenir à distance et se protéger de ce qui effraie et que l'on ne comprend pas ? Rire parce que ce qui survient est sans égal et qu'alors que sont suspendues les catégories communes le rire serait seul à exprimer cette incrédulité au bord même de la déraison ? Rire triste, grotesque ou malsain qui proroge de fait, mais sous une autre modalité, les effets dysphoriques du fantastique.
Mais aussi rire farceur, ludique, subversif qui permet que les motifs communs de la fiction fantastique soient livrés aux jeux des formes et des réécritures : pastiches et réécritures, parodies et reflets divers abondent dans cette littérature éminemment intertextuelle qu'est le fantastique. On en peut que constater que l'articulation problématique du rire et du fantastique semble souvent requise dans les formes d'expression visuelle du fantastique, lorsque l'image donne forme - efficace, ridicule, effrayante, incertaine - aux créatures et objets imaginaires.
Ce sont ces dimensions multiples du rire fantastique que cette quinzième livraison d'Otrante entend explorer. Il s'agira de marquer par la lecture des œuvres - textes et images - les interrogations poétiques et théoriques qui loin de marquer l'hétérogénéité de ces deux notions révèlent leur action fréquente sur les lecteurs et les spectateurs. Parmi les œuvres qui seront examinées citons celles de Sade, Beckford, Mac Orlon, Angela Carter, Bierce, Boulgakov, Carpentier ou Billy Wilder.
Ce volume est réalisé en collaboration avec le Centre d'études du Roman de l'Université Jules Verne d'Amiens.