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Dans le second numéro d'Esquisse(s), chaque auteur laisse le silence apparaître, résonner, interroger, créer, témoigner, subir, jouer. Le silence se décline au pluriel des silences habités par la rumeur contrariée des paroles tues, attendues et non prononcées, il s'entend également au singulier d'un poème murmuré, et dans l'insistance d'une phrase musicale Le silence s'offre à l'intime de la remémoration, dramatise la scène publique d'une manifestation dite silencieuse, approfondit l'échange des regards au creux des salles obscures habitées des ombres fugitives du cinématographe, il amplifie et démultiplie la gestuelle de la marionnette Le silence scande une promenade rêvée, rythme une rencontre improbable et passagère avec des auteurs aimés, il est le lieu où peut résonner la voix de " fin silence " de la parole divine, il est ce passage obligé pour que la voix du témoin enfin s'élève, abandonne le fardeau solitaire de l'éprouvé pour le partage dans la parole Le silence lutte pour se faire entendre par delà le désert, lutte pour ne pas sombrer dans le bruit et la fureur de l'univers psychotique, il vibre jusqu'à l'invention du geste, et transmet l'onde de liberté que l'écriture de Beckett fait éclore par delà le ressassement et l'emprise.