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Dès sa plus tendre enfance de louveteau, Fenris arborait un air si féroce qu'il suscitait l'effroi. Même ses congénères les loups s'écartaient de lui. Et ce qui était inévitable finit par arriver : devenu un gigantesque loup rouge aussi redouté de ses semblables que de ses proies, Fenris fut banni. Grisé par l'intensité de la crainte qu'il inspirait. Le fauve esseulé croisa un jour, dans une clairière, la route d'une petite fille partie cueillir des fleurs.
Quelle ne fut pas sa stupeur, alors, de constater que l'enfant n'avait aucune peur de lui. Et qu'elle savait même s'y prendre comme personne pour désamorcer sa fureur bestiale...
Klimt chez les loups
Comment devient-on redoutable ? Un poil plus vif, des dents plus aiguisées, un regard où brille une lueur inquiétante - la réputation de Fenris est faite, et il en tire les conséquences en devenant ce qu'il voit dans le regard des autres. Or, dans la meute, le dominant doit être redouté à l'extérieur mais aimé à l'intérieur : ce n'est pas son cas et Fenris est exclu. Faisant de nécessité vertu, il continue à jouer de son apparence effrayante jusqu'au jour où une jeune fille l'ignore puis prend soin de lui comme s'il était malade. Peut-être l'était-il et ne pouvait le savoir avant de l'avoir rencontrée.
Cette variation sur le Petit chaperon rouge fait basculer le conte du côté de la modernité et les illustrations précieuses de D. Sala évoque les beautés aux yeux mi-clos de Gustav Klimt.
L'ensemble laisse une place importante au lecteur : l'album est ouvert, il en valait la peine.