Peut-on encore parler du franc, alors que pour tous les gens raisonnables l'euro est un fait acquis ? Ce petit livre ose poser la question. Il raconte tout d'abord l'histoire de ces dix dernières années et montre pourquoi la poursuite obstinée de la monnaie unique (l'accrochage du franc au mark pour préparer l'euro) a fait perdre à la France une grande bataille en termes de chômage et de modernisation. Il permet de comprendre ensuite pourquoi la poussée actuelle de croissance et la timide embellie sur le front du chômage, loin d'être dues à l'avènement de l'euro, sont, en réalité, les résultats inattendus de son échec : dévalué, en un an, de plus de 15 % de sa valeur par rapport au dollar, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Faut-il aller plus loin, s'obstiner dans l'aventure, fermer les yeux sur une réalité qui dérange ? Pour l'heure, l'euro n'est qu'une fragile unité de compte ; dans deux ans, en abandonnant définitivement notre franc, nous détruirons la dernière barrière qui nous protège encore. Et si nous en restions là, réservant l'euro aux mouvements financiers internationaux, et gardant le franc dans nos poches ? Au nom de quelle extravagance nous obligerait-on à diviser ou multiplier, à chaque instant, les prix par 6,55957 ? C'est certainement ce que les Français décideraient avec sagesse et prudence, s'ils avaient le droit de s'occuper d'une affaire qui nous concerne tous. A cette question interdite, la plupart d'entre nous (économistes réputés, chefs d'entreprises, ménagères), au fond d'eux-mêmes répondraient "Vive le franc" ! Pourquoi ne pas le dire, tout simplement ?