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Ce livre examine les liens entre romans utopiques et libertins au dix-huitième siècle en France, en particulier les cas de Thérèse philosophe du marquis Boyer d'Argens, Candide de Voltaire et Aline et Valcour du marquis de Sade. A travers l'analyse historique, culturelle et textuelle de ces oeuvres, sont mises en lumière l'importance et l'influence des romans libertins et utopiques dans le développement de la pensée des hommes de lettres au siècle des Lumières.
Si de prime abord les deux types de roman paraissent antithétiques, ne serait-ce que par leurs intentions narratives — celle d'édifier une société exemplaire pour le roman utopique, celle de transgresser l'ordre moral pour celui libertin —, un examen approfondi des deux genres révèle d'importantes similarités. Ces romans donnent corps aux tensions existant entre les concepts de liberté individuelle et de bien commun à l'intérieur d'un paradigme sociopolitique.
Il s'agit donc ici de voir comment les auteurs de ces oeuvres utopiques et libertines sont conscients des contraintes sociales allant de pair avec l'idée de société parfaite : égalitaire par nature, cette dernière s'oppose nécessairement à la liberté individuelle. Respectant les conventions romanesques, ces auteurs ne peuvent s'empêcher de penser un idéal social. Ce dernier, objet de cette étude, prend alors la forme de microsociétés utopiques qui, si elles sont découvertes stériles, demeurent néanmoins, pour ces auteurs, le miroir d'une réflexion sur le progrès social et consignent, page après page, mirage après mirage, leur allégorie de la liberté.