Personnalité radieuse, poète à l'état pur, virtuose ébouriffant, capable d'écrire pour les enfants, les grands enfants que nous sommes, comme pour les plus érudits, Tristan Derème (1889-1941), poète à gros tirages et fort célèbre de son temps, est l'héritier rajeuni d'Horace, La Fontaine, Saint-Amant. Une œuvre prolixe et déroutante, d'où se détachent La Verdure dorée (1922), ainsi que le légendaire Patachou, petit garçon (1929), et dont la présente anthologie offre cent poèmes ou extraits de poème représentatifs d'un ensemble particulièrement divers. De ce monostique de La Verdure dorée : Ton rêve s'éteindra s'il neige dans ta pipe, à de plus longues pièces, aussi agiles, aussitôt reconnaissables Droite, dans la candeur des voiles, à l'orée, Du bonheur, les yeux clairs, radieuse et laurée D'un feuillage éternel et qui bruit au vent Des plaines, tu souris aux roses du levant ; Et le matin qui chante aux branches de la berge Inonde de clarté ton visage de vierge. Pour mieux suivre, dans ses rêves les plus lisses, le fantasque auteur de Caprice ou de L'Enlèvement sans clair de lune. Et dans " caprice ", il y a " chèvre " ; et dans cette fantaisie dont se réclame sans cesse Tristan, bien de douces et élégiaques folies. " La fantaisie, c'est d'enchanter, en le chantant, son mal ; c'est, comme Derème, de fleurir la route où est passée une humaine douleur. " (Maurice Rat) " Cette Verdure dorée si attendue [...] où la fraîcheur la plus matinale s'unit à la plus franche des pudeurs [...] ce recueil, un des meilleurs de l'entre-deux-guerres, rythmé par un magistral artiste du langage. " (Philippe Chabaneix)