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Tahar Ben Jelloun voit dans "l'émergence de l'individu" une
nécessité essentielle, car "c'est la base d'une réelle démocratie
et du progrès d'une société moderne." Il affirme : "La
modernité [...] c'est reconnaître l'individu en tant qu'entité
unique et singulière. C'est donner à la femme les mêmes droits
qu'à l'homme. C'est promouvoir un processus laïc..." (C 2008).
Or, la société traditionaliste et le pouvoir politique aliènent
l'individu qui, sacrifié à la collectivité, immolé sur l'autel
familial, voudrait crier avec André Gide : "Famille, je vous
hais !" Il cherche à savoir où se trouve sa liberté.
Force lui est
de reconnaître qu'elle n'existe que dans sa pensée. L'exil,
conséquence de la colonisation, met l'être face à sa solitude et
à son humiliation et le dépersonnalise. Esclave moderne,
tantôt assimilé à un arbre déraciné, tantôt aux figures
filiformes de Giacometti, l'exilé perd toute consistance. Le
régime postcolonial dictatorial pratique la torture, la
surveillance, l'enlèvement et l'incarcération sans jugement.
La
maladie mentale des personnages rend compte du malaise
social et en est l'allégorie. Corrompu, le corps social est
malade. Le fou est le seul être capable de dire des vérités sans
être inquiété. Philosophe, poète, prophète, bouffon et bouc
émissaire, il demeure une figure indispensable. (laque village
a son Moha ou son Joha, son fou sage qui fait éclater la vérité.
L'avènement du roi Mohamed VI met fin au rêve généralisé du
départ et insuffle un nouvel espoir de démocratie et de
progrès.