Il y avait dans ce train des gens de toute espèces, de toutes langues et de toutes nations : Belges, Polonais, Russes, Espagnols, Grecs, coloniaux marocains... Confusion de Babel ou miracle de la Pentecôte ? Les deux explications restent possibles, relèvent du domaine du contingent. Pour le moment, un fait est évident, tout comme à l'époque des " grandes migrations ", à la fin de l'Empire romain et aux débuts de l'Europe nouvelle, nous vivons sous le climat des " diasporas " différentes, des mélanges de peuples hétéroclites... La Gaule seule, en Occident, conserva son unité, la rebâtit, sachant utiliser les nouveaux matériaux ethniques et culturels, fit fondre tous ces éléments disparates et juxtaposés dans son creuset puissant d'assimilation, pour les faire siens, pour renouveler son organisme national. De toutes ces colonies de Sarmates et d'Alains, il ne reste aujourd'hui que des noms de lieux : Sermaize, Allainville... Les Burgondes devenaient les Bourguignons, les Scandinaves établis en Neustrie, les Normands, les Orientaux des colonies méditerranéennes prêtaient à la population du Midi sa saveur particulière. Et tous étaient de vrais Français, fils d'une même famille spirituelle, d'une patrie qui se renouvelait continuellement en absorbant les nouveaux venus.