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"La légende d'Abraha Pokou, reine baoulé, m'a été contée pour la première fois quand j'avais autour de dix ans. Je me souviens que l'histoire de cette femme sacrifiant son fils unique pour sauver son peuple avait frappé mon imagination de petite fille vivant à Abidjan. Je me représentais Pokou sous les traits d'une Madone noire. Plus tard, au lycée, je retrouvai le récit du sacrifice, mais cette fois-ci dans mon livre d'histoire.
Un petit encart dans le chapitre sur le royaume ashanti au XVIIIe siècle expliquait que l'exode de la reine et de ses partisans, à la suite d'une guerre de succession, aboutit à la naissance du royaume baoulé... Plusieurs décennies plus tard, la violence et la guerre déferlèrent dans notre vie, rendant brusquement le futur incertain. Pokou m'apparut alors sous un jour beaucoup plus funeste, celui d'une reine assoiffée de pouvoir.