Capitaine au long cours, Maurice André a parcouru " un monde toujours plus vaste " pendant vingt-deux ans. Il relate un naufrage vécu dans des conditions épouvantables sur la Côte de la Mort, et la roule de la peur qui lui a succédé sur un pétrolier qu'il découvre en mauvais état : " Impuissants, muets, saisis d'effroi, nous nous attendons au pire, plantés là, figés comme trois cormorans, au bord du gouffre. L'attente si brève soit-elle, est interminable, cruelle. Déchirant let brume, un gigantesque brasier de lumières apparaît. Il fonce sur nous. On y a droit ! C'est fichu ! " Le remarquable d'un tel récit, est que ces événements extérieurs si forts, terrifiants, non seulement soulignent la personnalité du marin courageux, mais semblent faits à sa mesure, peut-être même pour en révéler la teneur. A découvrir d'abord le p'tit gars breton, facétieux, débrouillard, puis l'adolescent si fier, le jeune homme studieux, on en vient à percevoir, cohérente, l'intrigue d'une vie, dans sa volonté d'être au plus près de la vérité et de l'action. L'autobiographie, dès lors, va dans ce sens. Maurice André témoigne, " pour plus de justice ", des conditions scandaleuses dans lesquelles les marins peuvent être conduits à travailler.