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Le mashi, comme la plupart des langues congolaises, n'est ni matière ni moyen d'enseignement : au Bushi, on n'enseigne ni le mashi, ni en mashi (même pas dans les villages les plus éloignés). L'enseignement se donne en français, langue officielle du pays ; c'est la langue de l'enseignement, de l'administration. Outre le français, il y a le swahili, langue régionale, nationale et internationale, parlée principalement dans les milieux urbains.
Dans la ville de Bukavu, bien que située dans le Bushi, on parle plus le swahili (surtout les jeunes) que le mashi. L'impact du français et du swahili sur la diffusion du mashi est évident : les jeunes, par exemple, pour besoin de leur scolarisation, préfèrent maîtriser mieux le français que le mashi ; le même groupe, dans leur parler au quotidien, parle plus couramment la langue urbaine (swahili) que leur langue maternelle (mashi).
Malgré ce conditionnement linguistique, ces mêmes jeunes souhaiteraient maîtriser aussi le mashi. Mais comment l'apprendre sans professeurs, sans manuels ? Où sont les dictionnaires, les grammaires, tout ce matériel didactique indispensable à l'apprentissage d'une langue ? Nulle part. Néanmoins, dans le cadre éducatif familial, le parents devraient apprendre à leurs enfants le patrimoine culturel shi, notamment la langue.
Ainsi ces jeunes deviendraient de parfaits trilingues : le français (à l'école), le swahili (à la cité), le mashi (en famille). Sans politique linguistique nationale (Le Congo a plus de 200 langues, plus de 300 dialectes), nos langues vieilliront au rythme de nos vieux ; et avec eux, elles mourront, au vu et au su de tout le monde, portant dans leurs tombes amertume et regrets ! Un peuple se définit par l'identité culturelle que véhicule sa langue ; ne pas parler sa langue, c'est faire fi de son identité.