Si Dieu, comme le suggérait Aby Warburg, se cache dans les détails, alors Fabien de Cugnac est un illuminé, un authentique fou de Dieu et de ses œuvres. Voir et s'émerveiller devant la belle image de nous n'est pas tout, semble-t-il nous rappeler. Encore faut-il admettre notre corps occupé, peuplé de matières diverses, image mais aussi organe. Vivant, investi dans l'acte et le circuit de la vie, le corps que capte
de Cugnac s'avère être une formule double. Comme l'" objet partiel " lacanien, il connote les principes opposés d'entité et de séparation, se tiraillant l'un l'autre. Ce que l'on voit sur l'image, le fragment, appelle a priori la totalité. Quoique la totalité, ici, demeure manquante, que l'image a soin de tenir à distance. Tout comme dans L'évidence éternelle de Magritte, chaque fragment représenté du corps reste dans son domaine. Il est même, dirait-on, son domaine propre : vie en soi, fragment valant pour soi, en tout et pour tout, dans l'oubli ou la négation du reste. Est-il besoin de le rappeler : la vision rapprochée, dans l'histoire de la photographie, sert fréquemment ce dessein schizophrénique (John Coplans photographiant son corps vieillissant par petits bouts, par
exemple). Captation du sujet, soit, mais pour signifier du sujet qu'il est celui qui se contemple lui-même pour endurer l'épreuve de ne pas toujours se reconnaître.