Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
Susie Parkington, une vieille dame n'ayant pas froid aux yeux (nous sommes au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale), appartient à une génération...
Lire la suite
Susie Parkington, une vieille dame n'ayant pas froid aux yeux (nous sommes au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale), appartient à une génération de bâtisseurs qui n'a pas eu la vie facile mais a toujours su faire face à l'adversité : on habite New York mais on se souvient qu'on a fait fortune vers l'Ouest - des terres, des mines -, et l'on n'a pas oublié que la conquête de l'opulence n'a pas toujours été une partie de plaisir. D'un chapitre à l'autre, le passé et le présent se renvoient la balle... et d'une certaine façon se démolissent l'un l'autre - car Bromfield, on peut lui faire confiance, refuse les facilités qui s'attachent à l'évocation du " bon vieux temps ". Susie fait revivre la figure de l'homme qu'elle a aimé et qui n'est plus : Gus Parkington, brillant fondateur d'une dynastie qui n'a pas volé son argent ; un bonhomme tenace, aventureux dans l'âme - mais également brutal, égoïste... et cavaleur. La figure aussi d'autres disparus que la mort, a fauchés sans ménagement. Et elle contemple le présent : partagée entre l'espoir (la lucidité ne guérit pas de tout) et la consternation - ce dernier sentiment dominant largement l'autre. Autour d'elle en effet, une galerie de personnages occupés de " paraître " décline (c'est le cas de le dire) tous les étais de la décomposition : alcoolisme, ennui, goût du suicide ou du pouvoir (ce qui finit par revenir au même), malhonnêteté rampante... Une immense mélancolie dépose ses sombres couleurs sur la longue tapisserie que l'auteur déroule pour nous et qui déjà s'effiloche. L'émotion est pourtant là tapie (plusieurs personnages nous touchent par le pathétique de leur dégringolade) et la tentation d'espérer (la jeunesse, pour qui la vieille dame a des tendresses, saura-t-elle redresser les ruines ?)... mais Bromfield n'est pas homme à se payer et à nous payer d'illusions. Composé en pleine guerre (1943), Mrs Parkington inaugure avec éclat - et dans une lumière plutôt dure - le cycle des derniers grands romans américains de Bromfield.
Publié en 1943, Mrs Parkington inaugure avec éclat le cycle des derniers grands romans "américains" de Bromfield. Comme souvent chez lui, la mise en relief d'un personnage (ici Susie Parkington, quatre-vingt-quatre ans au début du livre) est l'occasion de sonder toute une société : famille, caste, milieu social. Non pour le plaisir de décrire un monde, mais plutôt pour partager avec son lecteur la jouissance amère de contempler ce qui est à ses yeux la grande activité humaine : l'art de ruiner ce que l'on a bâti. Bromfield épingle plutôt méchamment ces Américains. Ils en viennent néanmoins, par-delà leur vanité, à être parfois étrangement émouvants, marionnettes d'un théâtre où les puissants croient tirer les ficelles alors qu'ils sont eux-mêmes les jouets d'un destin qui les dépasse et se moque d'eux.