Disgracié peu de temps après l'assassinat d'Henry IV (1610), le tout puissant surintendant des finances, duc de Sully, rassemble ses papiers pour dresser un plaidoyer de son action politique aux côtés du premier des Bourbons. Engagé très jeune au service de celui qui n'était encore que l'héritier du royaume de Navarre, Sully est un témoin de première importance. Même s'il a tendance à s'attribuer partout le premier rôle, son information, sa connaissance des hommes et des dossiers, font de ses Mémoires une source capitale pour l'histoire du XVIe siècle, de ses guerres religieuses, et de la mutation de la France en première puissance mondiale. " Et néanmoins, vous n'avez jamais fait une vie si douce ni moins ennuyeuse que cette solitude, où vous passiez le temps à tracer des plans des maisons et cartes du pays, à faire des extraits de livres, à labourer, planter et greffer en un jardin qu'il y avait leans, à faire la pipée dans le parc, à tirer de l'arquebuse à quantité d'oiseaux, lièvres et lapins qu'il y avait en icelui, à cueillir vos salades, les herbes de vos potages et des champignons, columelles et diablettes que vous accommodiez vous même, mettant d'ordinaire la main à la cuisine faute de cuisiniers ; à jouer aux cartes, aux dames, aux échecs et aux quilles, et à caresser madame votre femme, qui était très belle, et avait un des plus gentils esprits qu'il était possible de voir. "