Le Mausolée, c’est bien plus qu’un bâtiment, bien plus qu’une construction architecturale, c’est le mur de Berlin de Sofia, le symbole d’une époque, l’image de la poigne de fer du communisme sur la Bulgarie. Edifié en urgence en 1949 pour accueillir le corps embaumé de Georgi Mikhailov Dimitrov, tous les jeunes Bulgares se devaient de le visiter durant leur scolarité.
La Bulgarie n’est pas un pays qu’on connaît beaucoup, on a entendu parler des pays de l’Est sous influence communiste mais sans entrer dans le détail de LA VIE des gens, car c’est ce qu’un manuel
d’histoire ne parviendra jamais à retransmettre. Ce que décrit Rouja Lazarova dans Mausolée c’est justement la vie quotidienne de « l’homme socialiste », l’homme qui n’est jamais à l’abri, toujours dans la crainte, qui ne doit sa survie qu’à se paranoïa, qui se méfie de tous et même de lui-même. Il doit apprendre à respecter les ordres sans discuter, sans émettre le moindre doute sur le bien-fondé des lois et des règles, tout aussi injustes et arbitraires les unes que les autres.
« C’est dans l’extrême profondeur de ce silence, là où la vie n’existe plus, mais où, ma mère Rada et tant d’autres, nous avons vécu, que j’aimerais arriver au terme d’une longue apnée. J’aimerais sentir de nouveau le poids de cette masse épaisse de silence pour me rapprocher des protagonistes et les faire revivre. Mais comment décrire le quotidien de gens qui se taisent, année après année ? Comment raconter cette interminable litanie de jours anéantis par la peur de la parole ? » Peut-être par la fiction, puisque Mausolée se présente comme un roman. Mais il ne semble pas être une pure fiction, étant donnée la part de vérité qui transparaît dans le récit de Rouja Lazarova, inspiré de dialogues avec des Bulgares. Ça en fait un récit fort, servi par une écriture pleine d’humour, de sensibilité et d’élégance. La romancière fait du lecteur une part intégrante de la famille en lui laissant voir ce qu’a été la vie intime de trois femmes. Et autour de ces trois vies s’enchâssent d’autres existences, celles des cousins, des maris, des pères, dont elle nous décrit les forces et les faiblesses, les joies et les désillusions dues au régime. On peut considérer Mausolée comme un roman multiforme: c’est un roman historique, un témoignage poignant, mais aussi un roman d’amour. Cet amour que dévoile Rouja Lazarova est tant celui de la famille que celui pour la Bulgarie, un pays méconnu injustement qui révèle ici des facettes insoupçonnées.
On peut tirer de jolies leçons de ce roman, ses héros sont des héros du quotidien, ce qui les rend d’autant plus attachants. Des héros ordinaires qui n’abandonnent jamais leurs idéaux, même s’ils sont parfois poussés à la compromission, et ce bien malgré eux. Après avoir lu Mausolée on ne voit plus les emblèmes du communisme comme avant, on imagine ce que peuvent ressentir ceux qui ont souffert de cette idéologie pendant un demi siècle qui voient admirés la faucille et le marteau et autre Che à tout va.
On ne peut s’empêcher de penser que peut-être que les résistances les plus admirables sont les plus symboliques, les petites choses du quotidien qui montrent qu’on ne baisse pas les bras devant l’arbitraire et qu’on continue d’espérer quoi qu’il arrive, parce qu’après tout la vie continue.
Les résistances les plus admirables sont les plus symboliques
Le Mausolée, c’est bien plus qu’un bâtiment, bien plus qu’une construction architecturale, c’est le mur de Berlin de Sofia, le symbole d’une époque, l’image de la poigne de fer du communisme sur la Bulgarie. Edifié en urgence en 1949 pour accueillir le corps embaumé de Georgi Mikhailov Dimitrov, tous les jeunes Bulgares se devaient de le visiter durant leur scolarité.
La Bulgarie n’est pas un pays qu’on connaît beaucoup, on a entendu parler des pays de l’Est sous influence communiste mais sans entrer dans le détail de LA VIE des gens, car c’est ce qu’un manuel d’histoire ne parviendra jamais à retransmettre. Ce que décrit Rouja Lazarova dans Mausolée c’est justement la vie quotidienne de « l’homme socialiste », l’homme qui n’est jamais à l’abri, toujours dans la crainte, qui ne doit sa survie qu’à se paranoïa, qui se méfie de tous et même de lui-même. Il doit apprendre à respecter les ordres sans discuter, sans émettre le moindre doute sur le bien-fondé des lois et des règles, tout aussi injustes et arbitraires les unes que les autres.
« C’est dans l’extrême profondeur de ce silence, là où la vie n’existe plus, mais où, ma mère Rada et tant d’autres, nous avons vécu, que j’aimerais arriver au terme d’une longue apnée. J’aimerais sentir de nouveau le poids de cette masse épaisse de silence pour me rapprocher des protagonistes et les faire revivre. Mais comment décrire le quotidien de gens qui se taisent, année après année ? Comment raconter cette interminable litanie de jours anéantis par la peur de la parole ? » Peut-être par la fiction, puisque Mausolée se présente comme un roman. Mais il ne semble pas être une pure fiction, étant donnée la part de vérité qui transparaît dans le récit de Rouja Lazarova, inspiré de dialogues avec des Bulgares. Ça en fait un récit fort, servi par une écriture pleine d’humour, de sensibilité et d’élégance. La romancière fait du lecteur une part intégrante de la famille en lui laissant voir ce qu’a été la vie intime de trois femmes. Et autour de ces trois vies s’enchâssent d’autres existences, celles des cousins, des maris, des pères, dont elle nous décrit les forces et les faiblesses, les joies et les désillusions dues au régime. On peut considérer Mausolée comme un roman multiforme: c’est un roman historique, un témoignage poignant, mais aussi un roman d’amour. Cet amour que dévoile Rouja Lazarova est tant celui de la famille que celui pour la Bulgarie, un pays méconnu injustement qui révèle ici des facettes insoupçonnées.
On peut tirer de jolies leçons de ce roman, ses héros sont des héros du quotidien, ce qui les rend d’autant plus attachants. Des héros ordinaires qui n’abandonnent jamais leurs idéaux, même s’ils sont parfois poussés à la compromission, et ce bien malgré eux. Après avoir lu Mausolée on ne voit plus les emblèmes du communisme comme avant, on imagine ce que peuvent ressentir ceux qui ont souffert de cette idéologie pendant un demi siècle qui voient admirés la faucille et le marteau et autre Che à tout va.
On ne peut s’empêcher de penser que peut-être que les résistances les plus admirables sont les plus symboliques, les petites choses du quotidien qui montrent qu’on ne baisse pas les bras devant l’arbitraire et qu’on continue d’espérer quoi qu’il arrive, parce qu’après tout la vie continue.