« Pour se faire des ennemis, pas la peine de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l'on pense »
Sylvie Laurent retrace le parcours d'un homme qui n'aura eu de cesse de lutter contre l'injustice. Nous avons tous le sentiment de bien connaître Martin Luther King. Pourtant, nous connaissons mal son combat et ses prises de positions qui sont loin de se limiter uniquement à « I Have a Dream ».
L'auteure retrace une vie où, dès son enfance, King est confronté au racisme (Une femme blanche le gifle sans raison). L'enfant, puis l'adolescent, font ainsi l'expérience de l’humiliation
et de la malveillance dont aucun savoir et aucun statut social ne vous préserve. En faisant le choix de partager l'expérience des classes laborieuses alors même qu'il aurait pu vivre confortablement son statut de fils de notable, King s'écarte progressivement de ses rancœurs raciales en travaillant avec des ouvriers blancs.
King battit également son identité et sa philosophie politique par une lecture critique de la religion. Rentrant ainsi en opposition avec son père, Martin Luther King s'éloigne du fondamentalisme de son enfance. Selon lui, Dieu peut être découvert par la raison. Sa philosophie tend à réconcilier la science et la foi. Dans un même temps, la religion pose chez lui l'impératif de la justice. Puis l'Université va, à son tour, opérer un tournant considérable puisqu'il va découvrir la pensée de David Thoreau et la potentialité révolutionnaire de la désobéissance civile.
Plus tard, c'est la philosophie de la non-violence qui va apporter l'un des piliers centraux de sa pensée. Pour King, elle représente « l'alternative qu'il cherchait au pacifisme mais également une méthode pratique pour obtenir la justice sociale ici-bas ». « La philosophie de Gandhi apporte une réponse aux insatisfactions de King et le sort de son pessimisme sur l'âme humaine et la justice ». Là encore, il est important de ne pas tomber dans les errements des préjugés et Martin Luther King expliquera à de nombreuses reprises que la non-violence est loin d'être un pacifisme dogmatique.
Cette philosophie sera son arme dans la lutte contre la ségrégation et pour la justice économique et sociale.
Pour King, il convient non pas de s'attaquer aux hommes mais au système qui lui seul est haïssable. Sa critique de l'économie de marché est radicale. Comme le souligne l'auteure, la lecture de classe a toujours été présente dans l'analyse politique de Martin Luther King.
C'est là un aspect moins connu mais il a toujours milité pour un investissement public massif dans les ghettos afin de remédier au désespoir social, à la frustration des plus jeunes et ainsi aux explosions de violence.
Mais toutes ces années de combats sont éprouvantes pour celui qui les incarne puisqu'il se retrouve pris dans un tourbillon de violence et de responsabilité. King est alors sujet à une fragilité psychologique qui « est d'autant plus violente qu'il affronte depuis une décennie et sans jamais faillir la violence physique et le compagnonnage avec la mort ». On observe alors chez lui une tendance dépressive assez vive.
Celui qui se préparait chaque jour davantage à la mort est assassiné le 4 avril 1968 à 39 ans. La fatigue de ces années de luttes l'ont considérablement affaibli. D'après les médecins qui réalisent l'autopsie, King avait alors l'état physique d'un homme de 65 ans.
L'annonce de sa mort provoque des explosions de rage dans plusieurs villes. « Quelque chose comme l'espoir s'est éteint le 4 avril 1968 ». Malgré les avancées obtenues grâce à Martin Luther King, les communautés noires américaines de l'après-King vivent un cruel paradoxe. Alors que leur pouvoir politique n'a jamais été aussi grand, « la crise économique et la relégation sociale semblent s'imposer à elles avec une virulence telle que la génération qui a succédé aux pionniers des droits civiques n'est toujours pas libérée. » La mémoire n'a pas aidé à l'émancipation.
La réécriture du combat de Martin Luther King lui a retiré tout son pouvoir de subversion. Comme l'écrit Sylvie Laurent, on assiste à un travestissement de sa pensée qui efface toute sa portée révolutionnaire et ses revendications radicales en faveur d'une démocratie réelle, égalitaire et sociale.
Martin Luther King
« Pour se faire des ennemis, pas la peine de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l'on pense »
Sylvie Laurent retrace le parcours d'un homme qui n'aura eu de cesse de lutter contre l'injustice. Nous avons tous le sentiment de bien connaître Martin Luther King. Pourtant, nous connaissons mal son combat et ses prises de positions qui sont loin de se limiter uniquement à « I Have a Dream ».
L'auteure retrace une vie où, dès son enfance, King est confronté au racisme (Une femme blanche le gifle sans raison). L'enfant, puis l'adolescent, font ainsi l'expérience de l’humiliation et de la malveillance dont aucun savoir et aucun statut social ne vous préserve. En faisant le choix de partager l'expérience des classes laborieuses alors même qu'il aurait pu vivre confortablement son statut de fils de notable, King s'écarte progressivement de ses rancœurs raciales en travaillant avec des ouvriers blancs.
King battit également son identité et sa philosophie politique par une lecture critique de la religion. Rentrant ainsi en opposition avec son père, Martin Luther King s'éloigne du fondamentalisme de son enfance. Selon lui, Dieu peut être découvert par la raison. Sa philosophie tend à réconcilier la science et la foi. Dans un même temps, la religion pose chez lui l'impératif de la justice. Puis l'Université va, à son tour, opérer un tournant considérable puisqu'il va découvrir la pensée de David Thoreau et la potentialité révolutionnaire de la désobéissance civile.
Plus tard, c'est la philosophie de la non-violence qui va apporter l'un des piliers centraux de sa pensée. Pour King, elle représente « l'alternative qu'il cherchait au pacifisme mais également une méthode pratique pour obtenir la justice sociale ici-bas ». « La philosophie de Gandhi apporte une réponse aux insatisfactions de King et le sort de son pessimisme sur l'âme humaine et la justice ». Là encore, il est important de ne pas tomber dans les errements des préjugés et Martin Luther King expliquera à de nombreuses reprises que la non-violence est loin d'être un pacifisme dogmatique.
Cette philosophie sera son arme dans la lutte contre la ségrégation et pour la justice économique et sociale.
Pour King, il convient non pas de s'attaquer aux hommes mais au système qui lui seul est haïssable. Sa critique de l'économie de marché est radicale. Comme le souligne l'auteure, la lecture de classe a toujours été présente dans l'analyse politique de Martin Luther King.
C'est là un aspect moins connu mais il a toujours milité pour un investissement public massif dans les ghettos afin de remédier au désespoir social, à la frustration des plus jeunes et ainsi aux explosions de violence.
Mais toutes ces années de combats sont éprouvantes pour celui qui les incarne puisqu'il se retrouve pris dans un tourbillon de violence et de responsabilité. King est alors sujet à une fragilité psychologique qui « est d'autant plus violente qu'il affronte depuis une décennie et sans jamais faillir la violence physique et le compagnonnage avec la mort ». On observe alors chez lui une tendance dépressive assez vive.
Celui qui se préparait chaque jour davantage à la mort est assassiné le 4 avril 1968 à 39 ans. La fatigue de ces années de luttes l'ont considérablement affaibli. D'après les médecins qui réalisent l'autopsie, King avait alors l'état physique d'un homme de 65 ans.
L'annonce de sa mort provoque des explosions de rage dans plusieurs villes. « Quelque chose comme l'espoir s'est éteint le 4 avril 1968 ». Malgré les avancées obtenues grâce à Martin Luther King, les communautés noires américaines de l'après-King vivent un cruel paradoxe. Alors que leur pouvoir politique n'a jamais été aussi grand, « la crise économique et la relégation sociale semblent s'imposer à elles avec une virulence telle que la génération qui a succédé aux pionniers des droits civiques n'est toujours pas libérée. » La mémoire n'a pas aidé à l'émancipation.
La réécriture du combat de Martin Luther King lui a retiré tout son pouvoir de subversion. Comme l'écrit Sylvie Laurent, on assiste à un travestissement de sa pensée qui efface toute sa portée révolutionnaire et ses revendications radicales en faveur d'une démocratie réelle, égalitaire et sociale.